L’Encyclopédie/1re édition/PLUMASSIER

PLUMBAGO  ►

PLUMASSIER, s. m. (Art. méchaniq.) est celui qui fait & vend des ouvrages de toutes sortes d’oiseaux, comme capelines, panaches, bouquets de lits de dais, tours de chapeaux, &c. voyez Capelines, Bouquets, Panaches, Tours de chapeaux, &c. Les Plumassiers prennent aussi le nom de panachers de celui de panache, qui est un des principaux objets de leur art.

Leur négoce consiste en plumes d’autruche, de héron, d’aigrettes de queues de paon, & de toutes sortes d’autres plumes fines qui servent à la parure & à l’ornement.

Telles sont à-peu-près les principales opérations des Plumassiers, & les différentes façons qu’ils donnent aux plumes avant de les monter, selon l’ordre dans lequel on va les lire.

Après avoir reçu les plumes de la premiere main, ils les savonnent dans plusieurs eaux pour les dégraisser, les lavent dans une eau claire, les teignent, les blanchissent pour ôter le gros de la teinture, les mettent en craie, les relavent encore dans plusieurs eaux, les mettent au bleu, les ensoufrent ; ensuite ils les dressent pour écarter les franges & voir leur largeur, les frisent s’il le faut, les assortissent selon la grandeur & la couleur qui leur convient ; & enfin les montent en tel ouvrage que ce soit. Voyez chacun de ces mots à son article.

Les maîtres Plumassiers n’ont été érigés en communauté & en corps de jurande que sous le regne de Henri IV. Leurs lettres d’érection & leurs statuts sont du mois de Juillet 1599, confirmés par Louis XIII. en 1612, & par Louis XIV. en 1644. Ils n’ont que deux jurés, dont l’un s’élit tous les ans. Leur fonction est de prendre soin des affaires de la communauté, de faire les visites, de veiller sur les apprentis, de leur donner chef-d’œuvre, & d’assister au serment qu’ils prêtent devant le procureur du roi au châtelet, s’ils sont jugés capables, & de leur délivrer des lettres de maîtrise.

Chaque maître ne peut avoir qu’un apprenti obligé pardevant notaire, au-moins pour six ans ; ils peuvent toutefois en recevoir un second à la fin de la quatrieme année du premier.

Pour qu’un apprenti qui se présente pour la maîtrise soit admis au chef-d’œuvre, il doit avoir servi chez les maîtres en qualité de compagnon pendant quatre ans après son apprentissage. Les fils de maître sont dispensés du chef-d’œuvre, ainsi que ceux qui épousent leurs veuves ou leurs filles.

Les assemblées générales sont composées des jurés qui y président, de tous les bacheliers, c’est-à-dire, de tous ceux qui ont passé par la jurande, de six maîtres qui ont été administrateurs de la confrérie & des deux modernes. Les jeunes maîtres peuvent aussi y assister, mais on n’est point tenu de les avertir.

Enfin, il n’y a que les maîtres de cette communauté qui aient la faculté de faire tout ouvrage de plumes de quelques oiseaux que ce puisse être.

Il leur est néanmoins défendu de méler aucunes plumes de héron faux parmi celles de héron fin, & des plumes de vautour, de héron, d’oie, avec celles d’autruche, si ce n’est dans les ouvrages de ballets & de mascarades.