L’Encyclopédie/1re édition/PELLETIER

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PELLETIER, s. m. (Art mechanique.) marchand qui achete, vend, prépare & apprête toutes sortes de peaux garnies de leur poil, & qui les emploie aux différens ouvrages de fourrures.

Les Pelletiers de Paris sont appellés dans leurs statuts maîtres marchands Pelletiers, Haubaniers, Fourreurs, Pelletiers, parce qu’ils font commerce de pelleteries ; Haubaniers, à cause d’un droit qu’ils payoient anciennement au roi, pour avoir la faculté de lottir leurs marchandises dans les foires, halles & marchés de Paris ; ce droit s’appelloit hauban. Enfin, Fourreurs, parce que ce sont eux qui fourrent ou garnissent de peaux en poil les justaucorps, robes, manteaux, &c. & qu’ils font des aumuces, manchons, & autres sortes de fourrures.

Le corps des Pelletiers est régi par six maîtres gardes, trois anciens & trois nouveaux ; le premier des anciens est appellé le grand-garde : il est regardé comme le chef de la communauté, & c’est lui qui préside dans les assemblées. Le dernier des nouveaux est chargé du détail des affaires ; il fait la recette & la dépense, & rend ses comptes par-devant les maîtres & gardes, au bureau de la Pelleterie.

Tous les ans, le samedi de l’octave du saint Sacrement, on élit à la pluralité des voix deux maîtres & gardes, un ancien & un nouveau, à la place du premier des anciens, & du plus ancien des nouveaux qui sortent de charge.

Les statuts du corps de la Pelleterie ont été donnés par Henri III. en 1586, confirmés & augmentés en 1618 par Louis XIII. & depuis par Louis XIV. en 1648.

Suivant ces statuts, personne ne peut être admis dans le corps s’il n’a fait quatre ans d’apprentissage, servi les maîtres en qualité de compagnon pendant quatre autres années, & fait chef-d’œuvre.

Il n’est permis aux maîtres d’avoir qu’un apprentif à-la-fois ; il ne doit être ni marié ni étranger.

Il est défendu aux Pelletiers, 1o . de prendre aucuns compagnons à leur service, s’ils n’ont un certificat en bonne forme des derniers maîtres qu’ils ont servi.

2o . De mêler de la marchandise vieille avec de la nouvelle.

3o . De fourrer des manchons pour les Merciers.

4o . De travailler & fourrer pour les Fripiers.

5o . De faire le courtage de la marchandise de Pelleterie & de fourrure.

6o . Enfin, de s’associer avec des marchands forains, ou autres qui ne sont pas de leur corps.