L’Encyclopédie/1re édition/OLYMPIADE

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OLYMPIADE, s. f. (Chronolog.) espace de 4 ans révolus, qui servoit aux Grecs à compter leurs années. Lorsqu’Ovide dit quinquennis olympias, c’est une expression badine, par laquelle il a voulu désigner un lustre ou une espace de 5 ans. Ce poëte venoit de traverser la Grece pour se rendre au lieu de son exil ; & en conséquence il a voulu réunir plaisamment les deux manieres de compter des Grecs & des Romains. Il auroit pu dire aussi bien lustrum quadrinum, pour signifier une olympiade.

La maniere de supputer le tems par olympiade, tiroit son origine de l’institution des jeux olympiques, qu’on celebroit tous les 4 ans durant 5 jours, vers le solstice d’été, sur les bords du fleuve Alphée auprès d’Olympe ville d’Elide. Ces jeux furent institués par Hercule en l’honneur de Jupiter, l’an 2886 du monde ; & ils furent rétablis par Iphitus roi d’Elide, 372 ans après.

La premiere olympiade commença l’an 3938 de la période julienne, l’an 3208 de la création, 505 ans après la prise de Troie, 776 avant la naissance de J. C. & 24 ans avant la fondation de Rome. Voici donc comme l’on s’exprime dans la chronologie. Romulus est né la seconde année de la seconde olympiade : le temple de Delphes fut brûlé la premiere année de la cinquante-huitieme olympiade : la bataille de Marathon se donna la troisieme année de la soixante-douzieme olympiade. On ne trouve plus aucune supputation des années par les olympiades, après la quatre cent-quatrieme qui finit à l’an 440 de l’ere vulgaire.

La Grece tira ses époques des olympiades, & on ne compta plus que par olympiade. Les savans ont des obligations infinies à cette époque, qui répandit la clarté dans le chaos de l’histoire ; mais personne n’a témoigné aux olympiades sa reconnoissance avec plus d’affection, que Scaliger. Il leur fait un fort joli compliment pour un homme qui n’en faisoit guere. « Je vous salue, dit-il, divines olympiades, sacrés dépositaires de la vérité ; vous servez à réprimer l’audacieuse témérité des chronologues : c’est par vous que la lumiere s’est répandue dans l’histoire ; sans vous combien de vérités seroient ensévelies dans les ténébres de l’ignorance ? Enfin je vous adresse mes hommages, parce que c’est par votre moyen que nous savons avec certitude, les choses mêmes qui se sont passées dans les tems les plus éloignés ». Salve, veneranda olympias, custos temporum, vindex veritatis historiæ, frænatrix fanaticæ chronologorum licentiæ, &c. (D. J.)