L’Encyclopédie/1re édition/OCULISTE

OCULISTE, s. m. chirurgien qui s’applique particulierement à toutes les maladies des yeux, ocularius chirurgus, ophthalmiater.

Dans les statuts des Chirurgiens de Paris il y a un article qui porte, que ceux qui voudront être reçus pour exercer seulement la partie de la Chirurgie qui concerne la vûe, subiront un examen, dans lequel ils seront interrogés sur la théorie & sur la pratique, & qu’ils auront le titre d’expert pour les yeux, sans pouvoir y joindre celui de chirurgien.

Celui qui se destine aux maladies des yeux devroit néanmoins avoir toutes les connoissances qu’on exige dans les autres Chirurgiens, car les maladies sont presque toutes les mêmes, c’est les lieux qu’elles occupent qui en fait la différence : l’inflammation de l’œil n’est pas d’une autre nature que l’inflammation du foie & des poumons. Les principes généraux sont les mêmes, il faut seulement en faire des applications particulieres aux différentes parties, & les maladies y ont des symptômes relatifs aux fonctions lésées. On ne peut guère attendre de grands progrès de ceux qui se sont livrés spécialement à un genre d’exercice, sans avoir puisé dans les sources de l’art les grands principes qui doivent les diriger : le public qui n’est pas au fait des choses, croit aisément qu’un homme qui s’applique uniquement à la connoissance des maladies d’un organe doit avoir des lumieres supérieures à un autre, & cela seroit vrai s’il étoit d’ailleurs profondément instruit des principes de l’art. Mais souvent on ne choisit une partie que par l’incapacité où l’on se sent de s’adonner à l’exercice complet de l’art : il est certain que les auteurs qui ont le mieux traité des maladies des yeux, étoient des chirurgiens également versés dans la connoissance de toutes les maladies, & qui pratiquoient indistinctement toutes les grandes opérations de la Chirurgie : parmi les anciens, Guillemeau, éleve d’Ambroise Paré, & premier chirurgien du roi après son maître. Au commencement de ce siecle, Antoine Maître Jean, chirurgien à Mery-sur-Seine, qui termine son traité des maladies de l’Œil, le plus estimé que nous ayons, par ces mots..... « Je sais que la plûpart des chirurgiens négligent de s’appliquer aux maladies des yeux, parce qu’elles sont si nombreuses qu’on s’en est fait un monstre, & que l’on croit qu’elles demandent toute l’application d’un homme, & une adresse toute singuliere pour exécuter toutes les opérations qui leur conviennent. Il n’est rien de tout cela ; elles sont nombreuses à la vérité, mais elles sont très-faciles à apprendre à un chirurgien déjà éclairé dans sa profession : elles n’ont point d’autres regles pour leur traitement que celles que l’on suit pour traiter les autres maladies, pourvû seulement qu’on ait égard à la nature de l’œil : & il n’est besoin que d’une adresse médiocre & d’un peu de jugement pour en faire les plus difficiles opérations ». Voilà l’avis d’un très habile oculiste sur un point où il ne doit pas être suspect. Il pouvoit mettre à un très-haut degré d’estime les talens nécessaires pour exercer convenablement cette partie de l’art, & personne n’avoit plus mérité d’en être cru sur sa parole. Il a été excellent oculiste, parce qu’il étoit très-bon chirurgien, & personne n’ignore que les opérations les mieux concertées de la chirurgie oculaire, sont dûes à des chirurgiens qui n’en ont point fait leur capital ; la fistule lacrymale par M. Petit, la cataracte dont M. Chery a connu la possibilité de l’extraction, pratiquée si heureusement de nos jours par M. Daviel, &c. (Y)

Voici la notice des auteurs qu’un bon oculiste doit connoître.

Anel, Méthode pour guérir les fistules lacrymales. Turin 1713 & 1714, in-4°. Item, Dissertation sur la nouvelle découverte de l’hydropisie du conduit lacrymal. Paris 1716, in-12.

Aquapendente (Hyeronimus Fabricius ab), Tractatus de oculo visus organo. Patav. 1601, fol. Francof. 1605, 1613, fol. & dans ses ouvrages anatom. & physiol. Lips. 1687, fol. cum Albini præfatione, L. B. 1738, fol.

Bailly, on the preservation. of the Sigh. London, 1560, in-12.

Banister (Richard), Traité des yeux, contenant la connoissance & la cure de onze cens treize maladies, auxquelles cette partie & les paupieres sont sujettes. Londres, 1622, in-4°. en anglois.

Bastisch, des maladies des yeux. Dresdæ 1583, fol. fig. en allemand.

Beddevole, remarques sur les yeux des oiseaux. Genève 1680, in-8°.

Beneventus Hierosolimitanus, de oculis, eorumque ægritudinibus & curis. Venetils 1550, in fol. & in-4°.

Boye, a disquisition about the final causes of natural things, &c. with some uncommon observations about vitiated sight. Lond. 1689, in-8°. rare.

Brisseau, de la cataracte & du glaucoma. Paris 1709, in-12. fig.

Briggs (Guillelm.) ophthalmographia. Cantabridgiæ 1675, in-8°. il y donne une exacte description de l’œil avec la méthode de le disséquer.

Burgos (Joh. de), de pupillâ oculi. Romæ 1543, in 8°. Le P. Paul, Fra Paolo, beau génie, est le premier, pour le dire en passant, qui ait observé la contraction & la dilatation de la prunelle de l’œil.

Barrhus (Joseph Frider.) epistola de artificio humores oculorum restaurandi. Hafn. 1669, in-4°.

Carcanus (Joh. Bapt.) de cordis vasorum in fœtu, & de musulis palpebrarum & oculorum. Ticini 1574, in-8°.

Cocchi (Anton.) epistola ad Morgagnum de lente crystalina oculi humani, verâ suffusionis sede. Romæ 1721, in-8°.

Coward (Guillelm.) ophthalmomiatria, sive oculorum medela. London. 1706, in-8°.

Dubois, des maladies qui arrivent à l’œil, & des remedes les plus convenables pour les guérir sans opération manuelle. Paris 1733, in-12.

Friderici (Petri), tractatus de oculis. Lips. 1576, in-8°.

Guenelloni, epistola ad D. Carletonum, &c. de anatome oculorum, &c. Amstæl. 1686, in-8°.

Heisteri (Laurent.) de cataracta, glaucomate, & amaurosi. Altorf. 1713, in 8°.

Henricus (Joh.) de morbis oculorum, aurium, nasi, dentium. Antverp. 1608, in-4.

Hodierna (Joh. Bapt.) de oculo muscæ. Pauormi 1644, in-4°. cet ouvrage rare est fort bon.

Hoferus (Thobias), de ophthalmia tractatus. Basileæ 1653, in-8°.

Horius (Jacobus), de circulari humorum motu in oculis. Lugd. Bat. 1740, cum fig. c’est un bon ouvrage.

Huyghens (Chrétien), opera varia. Lugd. Bat. 1682, in-4°. & opera reliqua. Amstæl. 1728, 2 vol. in-4°.

Kennedy, ophthalmographia, &c. Lond. 1713, in-8°. en anglois.

Maître Jean (Antoine), des maladies de l’œil. Troyes 1707, in-4°. prem. édit. c’est le meilleur auteur sur cette matiere.

Manulphi (Johannis), tractatus de febre & lacrymis. Romæ 1618, in-8°.

Marini (Girol.) pratique des opérations chirurgicales sur les yeux, & dans la lithotomie. Rome 1713, in-8°. en Italien.

Michael (Joh.) oculi fabrica, actio, usus, &c. Lugd. Bat. 1695, in-8°.

Monavius (Frider.) elenchus affectuum ocularium. Cryphiswaldiæ 1644, in-4°, 1654, in-4°.

Moaline (Antoine), à relation of new anatomical observations in the eyes of animals. Lond. 1682, in-4°. c’est un ouvrage très-curieux.

Newton (le chev. Isaac), optique, livre immortel.

Petit (le médecin), lettre où l’on démontre que le crystalin est fort près de l’uvée, avec de nouvelles preuves concernant l’opération de la cataracte. Paris 1729, in-4°. rare & curieuse.

Panamusali de Buldac, liber de præparationibus rerum quæ ad oculos medicinas faciunt. Venet. 1500, in fol.

Plempii (Vopisc. Fortun.) ophtalmographia. Lovani 1648, fol. il a fait sa réputation par cet ouvrage.

Read (Guillelm.) on the diseases of the eyes. Lond. 1704, in-8°.

Ruschius (Joh. Bapt) de visus organo, libri quatuor. Pisis, 1631, in-4°.

Schelhammeri (Christoph.) ophthalmographia & opsioscopia, &c. Jenæ 1640, in-4°.

Severus (Nicolaus), observationes anatomicæ de glandulis oculorum, novisque eorum vasis. Hafniæ 1664, in-4°.

Taylor (Joh.) of the cataract aud glaucoma. London 1736, in-8°. Item, le méchanisme du globe de l’œil. Paris 1738, opérateur adroit & charlatan habile.

Trinchusii, dissertatio de cæcis sapientiâ & eruditione claris. Jenæ 1672, in-4°. c’est un ouvrage pour les Littérateurs.

Varolius (Constantius), de nervis opticis. &c. Francof. 1591, in-8°.

Woolhouse, dissertationes de cataracta & glaucomate. Francof. 1719, in 8°.

Yves (Saint) traité des maladies des yeux. Paris 1722, in-8°.

Zahu, oculus artificialis teledriopticus, &c. Norimb 1722. in-fol. fig.

The perfect oculist. 1603, in-8°. par un anonyme.

A tous ces traités particuliers il faut joindre les observations qui se trouvent éparses dans les Mémoires de l’académie des Sciences, les Transactions philosophiques, le Recueil d’Edimbourg, les Actes des curieux de la nature, & autres ouvrages de ce genre.

Boerhaave avoit donné dans des leçons publiques un traité sur la structure de l’œil, & ses principales maladies ; c’est un morceau précieux que messieurs Van-Swieten & Tronchin pourroient mettre au jour. (Le chevalier de Jaucourt.)