L’Encyclopédie/1re édition/NORIQUE

NORIQUE, (Géog. anc.) en latin Noricum, grande contrée, située entre le Danube & les Alpes. Le Danube qui la séparoit de l’ancienne Germanie, s’y trouva depuis entierement enclavé : ses bornes étoient originairement le Danube du côté du nord ; le mont Cetius à l’orient, les Alpes Noriques au midi, l’Inn à l’occident.

Il ne paroît pas qu’il ait été fait aucune division du Norique avant l’empire de Constantin. Jusques-là il avoit été compris sous une seule contrée, qui fut premierement le royaume Norique, & ensuite le pays ou la province Norique.

Lorsque le Norique eût sécoué le joug des Romains, ses limites furent tantôt plus étendues, tantôt plus resserrées : les Boiariens s’emparerent d’une partie du Norique ; ce ne fut qu’assez tard que ce pays recouvra ses premieres bornes, s’étendit jusques dans la Pannonie, & se trouva comprendre une grande partie de l’Autriche, de la Baviere, l’archevêché de Saltzbourg, avec la Styrie & la Carinthie.

Auguste ayant conquis le Norique, le réduisit en province romaine : dans la suite des tems, les Goths s’en emparerent. Après leur départ, ce pays fut exposé aux incursions de diverses peuples. Les Suèves, les Rugiens, les Hérules, &c. y partagerent successivement les dépouilles des Romains. Odoacre, roi des Hérules, ayant chassé les Rugiens, régna quelque tems dans le Norique ; mais vaincu à son tour par Théodoric, roi des Ostrogoths, il fut contraint de lui céder une partie du pays, dont il fut dédommagé par une portion de l’Italie & de la Rhétie. On croit que ce fut lui qui appella dans le Norique les Boiariens, qui avoient déja pénétré dans la Vindélicie.

De tout tems cette contrée a été célébre par ses excellentes mines de fer. Horace dit par cette raison, noricus cusis : on lit aussi souvent dans les médailles noricum ferrum. Enfin, S. Severin fut le premier apôtre du Norique dans le cinquieme siecle. (D. J.)