L’Encyclopédie/1re édition/NID

NID D’OISEAU, s. m. nidus avis, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur polypétale, anomale & composée de six pétales inégaux ; les cinq supérieurs sont disposés en forme de casque, l’inférieur est fendu en deux parties & garni d’une sorte de tête. Le calice devient dans la suite un fruit, ou une vessie remplie de semences très-menues. Ajoutez au caractere de ce genre que les racines sont fibreuses, & ressemblent à un nid d’oiseau. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Nids d’oiseaux, (Hist. nat.) il est une espece de nids d’oiseaux dont on fait un très-grand usage à la Chine, & qui est un objet de commerce considérable. Ces nids se trouvent sur les rochers qui sont près des côtes de la mer. C’est sur-tout dans l’île de Java, sur les côtes de la Cochinchine, sur celles de Timor, de Sumatra & de la presqu’île de Malacca, que l’on rencontre ces sortes de nids, d’où on les porte à la Chine, où l’on en donne depuis 3 jusqu’à 7 taëls, qui sont environ 45 liv. argent de France, à proportion de leur qualité, pour la livre chinoise qui est de 20 onces. Les observations les plus exactes nous apprennent que ces nids sont faits par des oiseaux de mer parfaitement semblables à ceux que l’on nomme martinets ou hirondelles de mer sur les côtes de France ; ils les forment avec une matiere gluante & tenace qui leur sort du bec, & qu’ils attachent peu-à-peu sur les roches des bords de la mer, où la chaleur du soleil leur donne de la consistence. On croit communément que la matiere dont ces oiseaux se servent pour cela est une espece d’écume qui nage à la surface de la mer, que ces animaux combinent & travaillent avec une matiere qui vient de leur estomac. Ces nids d’oiseaux, lorsqu’ils sont secs, ont une consistence à peu-près semblable à celle de la corne ; mais lorsqu’ils ont été bouillis, soit dans de l’eau, soit dans du jus, soit dans du bouillon de viande, ils ressemblent à des cartilages de veau ; ceux qui sont d’une couleur blanche sont les plus estimés ; on fait moins de cas de ceux qui sont rougeâtres, & le prix en est beaucoup moindre. Les Chinois regardent les nids d’oiseaux comme un aliment très-nourrissant, très-propre à fortifier & à restaurer, sans charger l’estomac.

Voici ce que le Dictionnaire du commerce dit de ces nids ; il les met parmi l’espece d’épicerie la plus estimée à la Chine & dans toutes les Indes orientales. Elle se trouve au Tunquin & à la Cochinchine, mais particulierement dans le royaume de Champa, qui est situé entre l’un & l’autre. Les oiseaux qui font ces nids pour y pondre & couver leurs œufs, sont assez semblables de figure à des hirondelles. Lorsqu’ils sont en amour, ils jettent par le bec une espece de bave tenace & gluante, qui est la matiere dont ils bâtissent leurs nids, & dont ils les attachent aux rochers en appliquant cette substance visqueuse par diverses couches l’une sur l’autre, à mesure que les premieres se sechent. Ces nids sont de la forme d’une médiocre cueillere, mais avec des bords plus élevés.

Il y a tant de ces sortes de nids, qu’on en rassemble tous les ans une quantité prodigieuse qui se portent presque tous à la Chine, où ils se vendent à raison de 50 taels le cent, ce qui fait environ 100 ducats d’Espagne. On les croit excellens pour l’estomac, & ils donnent aux mets qu’on en assaisonne un goût délicieux. (D. J.)

Nids, (Hist. nat. Minéral.) on appelle dans le travail des mines, mines par nids, minera nidulans, la mine qui se trouve par masses séparées & qui n’est point par filons. Voyez Marons & Roignons. (—)

Nid-de-pie, (Milit.) c’est dans la guerre des sieges, un petit logement que font les assiégeans sur le haut de la breche à l’angle flanqué d’un bastion d’une demi-lune, &c. (Q)