L’Encyclopédie/1re édition/NARCISSE

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NARCISSE, narcissus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur liliacée, monopétale, campaforme, & divisée en six parties qui entourent le milieu de la fleur en forme de couronne. Le calice qui est ordinairement enveloppé d’une gaine membraneuse, devient dans la suite un fruit oblong ou arrondi, qui a trois pointes, & qui s’ouvre en trois parties. Ce fruit est divisé en trois loges, & renferme des semences arrondies. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le narcisse blanc automnal, & celui d’Espagne à fleur jaune, qui a six feuilles rangées en forme d’étoile, sont aussi délicats que le premier. Le petit narcisse à fleurs doubles veut une terre plus humide. Le grand narcisse, appellé le nompareil, celui des Indes à fleur-de-lys, & de couleur rouge-pâle, exigent une terre meilleure, & d’être mis dans des pots. Tous ces narcisses ont un calice qui devient un fruit partagé en trois loges enfermant des semences un peu rondes qui, outre les bulbes, en multiplient l’espece. La culture en est ordinaire.

On distingue encore le narcisse à longue tige, panaché, chargé de fleurs, & nommé cou de chameau, parce que cette plante représente en quelque sorte le col de cet animal.

Le narcisse aime mieux être élevé de cayeux que de graine ; il fleurit dans le printems. (K)

Narcisse, s. f. (Littérat.) c’étoit, dit Sophocle, la fleur chérie des divinités infernales, à cause du malheur arrivé au jeune Narcisse. On offroit aux furies des couronnes & des guirlandes de narcisse, parce que, selon le commentateur d’Homere, les furies engourdissoient les scélerats : ναρκὴ signifie assoupissement.

Narcisse fons, (Géog. anc.) en grec ναρκίσου πυγὴ ; fontaine d’un village nommé Hédonacon, situé aux confins des Therpiens, selon Pausanias, liv. IX. ch. xxxj. c’est la fontaine où l’on prétendoit que Narcisse se regarda, & entra en admiration de sa figure. Ovide a décrit élégamment cette fable dans le III. liv. de ses métamorphoses. C’est une leçon utile pour nous développer les funestes effets de l’amour propre. (D. J.)