L’Encyclopédie/1re édition/NANCY

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NANCY, (Géog.) ville de France, capitale de la Lorraine, avec une cour souveraine, & un chapitre, dont le chef prend le titre de primat. Elle est divisée en deux villes, la ville vieille & la ville neuve. On voit dans l’église des Cordeliers, les tombeaux des anciens ducs : Charles dernier duc de Bourgogne, prit Nancy en 1475. Le duc René le reprit après la bataille de Morat en 1476. Charles l’assiégea de nouveau en 1477, mais il y fut tué, & son armée défaite. Les rois de France depuis Louis XIII. s’en sont souvent rendus les maîtres. Elle fut cédée à la France par le traité de Vienne en 1736, pour en jouir après la mort du roi Stanislas. Nancy est sur la Meuse, à 24 lieues S. E. de Luxembourg, 30 de Strasbourg, 10 S. E. de Metz, quatre N. E. de Toul, neuf S. E. de Pont-à-Mousson, 72 S. E. de Paris. Longit. suivant Cassini, 23. 36. 30. latit. 48. 40.

Cette ville n’est point le Nasium de l’itinéraire d’Antonin ; c’est une ville moderne qui n’a pas été connue avant le douzieme siecle. Elle a commencé par un château qui appartenoit à un seigneur nommé Drogon. Matthieu I. du nom duc de Lorraine, acquit ce château l’an 1153, pour y faire sa résidence. Thibault comte de Champagne, qui fut depuis roi de Navarre, investit Matthieu II. du nom, duc de Lorraine, de Nancy, & de ses dépendances l’an 1220. Depuis la réunion de la Champagne à la couronne, il paroît que les ducs de Lorraine ont toûjours été souverains à Nancy, & qu’ils n’ont point reconnu les rois de France ou les comtes de Champagne, pour cette ville ou son territoire.

C’est la patrie de Maimbourg (Louis), jésuite, qui y naquit en 1610, & mourut d’apoplexie à saint Victor, en 1686. Ses œuvres forment 16 volumes in-4°. & sont de vrais romans écrits avec du feu & de la rapidité dans le style : on n’en fait point de cas aujourd’hui. Le plus singulier dans la vie du pere Maimbourg, c’est qu’il fut obligé de quitter les Jésuites, pour avoir écrit en faveur du clergé de France ; mais le roi le gratifia d’une pension. Son cousin Maimbourg fut un Protée dans ses sentimens de religion. De catholique il se fit protestant, ensuite rentra dans l’Eglise catholique, redevint de nouveau calviniste, & mourut socinien à Londres, vers l’an 1693. On a de lui pendant sa derniere épreuve du Protestantisme, une réponse à l’exposition de la foi catholique de M. Bossuet. (D. J.)