L’Encyclopédie/1re édition/MILANEZ, le

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MILANEZ, le (Géogr.) ou le duché de Milan, pays considérable d’Italie, borné au nord par les Suisses & les Grisons ; à l’orient par la république de Venise, & par les duchés de Parme & de Mantoue ; au midi par le mont Apennin, & par l’état de Gènes ; à l’occident par les états du duc de Savoie, & par le Montferrat.

Son étendue du septentrion au midi peut être d’environ 80 milles, & de 60 d’orient en occident. Il est très-fertile en marbre, en blés, & en vins ; le riz y croît en abondance, par les canaux qu’on a tiré du Tésin, une de ses principales rivieres. Les autres sont le Po, l’Adda, & la Sessia.

On le divise en 13 parties, le Milanez propre, le Pavésan, le Lodésan, le Crémonese, le Comasque, le comté d’Anghiera, les vallées de Sessia, le Novarese, le Vigévanois, la Lauméline, l’Alexandrin, le Tortonese, & le territoire de Bobio.

Passons aux révolutions de cet état. Après que Charlemagne eut donné fin au royaume des Lombards, en 774, le Milanez fit partie de l’empire, & les empereurs y créerent des gouverneurs, qui acquirent dans la suite un grand pouvoir, prirent le titre de seigneurs de Milan, & formerent une principauté indépendante. Le premier fut Alboin, qui vivoit dans le dixieme siecle ; Jean Galéas, un de ses successeurs, fut duc de Milan, en 1395, & mourut en 1402. Ses deux fils ne laisserent point d’enfans légitimes, de sorte qu’après la mort du dernier, en 1447, ce beau pays devint l’objet de l’ambition de plusieurs princes, de l’empereur, des Vénitiens, d’Alphonse, roi de Naples, de Louis duc de Savoie, & de Charles duc d’Orléans. Enfin, l’an 1468, cet état passa sous les lois du bâtard d’un paysan, grand homme, & fils d’un grand homme. Ce paysan est François Sforce, devenu par son mérite connétable de Naples, & puissant en Italie. Le bâtard de son fils avoit été un de ces Condoltieri, chef de brigands disciplinés, qui louoient leurs services aux papes, aux Vénitiens, aux Napolitains. Non-seulement les Milanez se soumirent à lui, mais il prit Gènes, qui flottoit alors d’esclavage en esclavage.

A la mort de François Sforce II. du nom, qui survint en 1536, Charles-Quint investit du duché de Milan Philippe II. son fils ; depuis ce tems-là l’Espagne a joui de ce duché jusqu’en 1706, que l’empereur, assisté de ses alliés, s’en rendit maître au nom de l’archiduc. Ce dernier en est resté possesseur jusqu’en 1733, que Charles-Emmanuel, roi de Sardaigne, réuni au roi d’Espagne Philippe V. prit tout le Milanez, & en est resté souverain jusqu’à ce jour par le traité de paix conclu à Vienne, le 18 Novembre 1738. (D. J.)

Milanez propre, (Géog.) petit pays d’Italie dans l’état, ou duché de Milan, dont il prend son nom. Il est situé au milieu de ce duché, entre le Comasque au nord, le Lodésan à l’orient, le Pavese au midi, & le Novarese à l’ouest. Ses principaux lieux sont Milan, capitale de tout le duché, les bourgs de Marignano, de Agnadée, & de Cassano. (D. J.)