L’Encyclopédie/1re édition/MÉDISANCE

MÉDISANCE, s. f. (Morale.) médire, c’est donner atteinte à la réputation de quelqu’un, ou en révélant une faute qu’il a commise, ou en découvrant ses vices secrets ; c’est une action de soi-même indifférente. Elle est permise & quelquefois même nécessaire, s’il en résulte un bien pour la personne qu’on accuse, ou pour celles devant qui on la dévoile : ce n’est pas-là précisément médire.

On entend communément par médisance une satyre maligne lâchée contre un absent, dans la seule vûe de le décrier ou de l’avilir. On peut étendre ce terme aux libelles diffamatoires, médisances d’autant plus criminelles, qu’elles font une impression plus forte & plus durable. Aussi chez tous les peuples policés en a-t-on fait un crime d’état qu’on y punit séverement.

On médit moins à présent dans les cercles qu’on ne faisoit les siecles passés, parce qu’on y joue davantage. Les cartes ont plus sauvé de réputations, que n’eût pû faire une légion de missionnaires attachés uniquement à prêcher contre la médisance ; mais enfin on ne joue pas toujours, & par conséquent on médit quelquefois.

Une trop grande sensibilité à la médisance entretient la malignité, qui ne cherche qu’à affliger.