L’Encyclopédie/1re édition/LAVANCHES, LAVANGES ou AVALANCHES

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LAVANCHES, LAVANGES ou AVALANCHES, s. m. (Hist. nat.) en latin labina, en allemand lauwinen. On se sert en Suisse de ces différens noms pour désigner des masses de neiges qui se détachent assez souvent du haut des Alpes, des Pyrénées, & des autres montagnes élevées & couvertes de neiges, qui, après s’être peu-à-peu augmentées sur la route, forment quelquefois, sur-tout lorsqu’elles sont aidées par le vent, des masses immenses, capables d’ensevelir entierement des maisons, des villages, & même des villes entieres qui se trouvent au bas de ces montagnes. Ces masses de neiges, sur-tout quand elles ont été durcies par la gelée, entraînent les maisons, les arbres, les rochers, en un mot, tout ce qui se rencontre sur leur passage. Ceux qui voyagent en hiver & dans des tems de dégel dans les gorges des Alpes, sont souvent exposés à être ensevelis sous ces lavanches ou éboulemens de neige. La moindre chose est capable de les exciter & de les mettre en mouvement, c’est pour cela que les guides qui conduisent les voyageurs, leur imposent un silence très rigoureux lorsqu’ils passent dans de certains défilés de ces pays qui sont dominés par des montagnes presque perpétuellement couvertes de neige.

On distingue deux sortes de lavanches : celles de la premiere espece sont occasionnées par des vents impétueux ou des ouragans qui enlevent subitement les neiges des montagnes, & les répandent en si grande abondance que les voyageurs en sont étouffés & les maisons ensevelies. Les lavanches de la seconde espece se produisent lorsque les neiges amassées sur le haut des montagnes & durcies par les gelées, tombent par leur propre poids le long du penchant des montagnes, faute de pouvoir s’y soutenir plus long-tems ; alors ces masses énormes écrasent & renversent tout ce qui se rencontre sur leur chemin.

Rien n’est plus commun que ces sortes de lavanches, & l’on en a vû un grand nombre d’effets funestes. En l’année 1755, à Bergemoletto, village situé dans la vallée de Stura en Piémont, plusieurs maisons furent ensevelies sous des lavanches ; il y eut entr’autres une de ces maisons dans laquelle deux femmes & deux enfans se trouverent renfermés par la neige. Cette captivité dura depuis le 19 du mois de Mars jusqu’au 25 d’Avril, jour auquel ces malheureux furent enfin délivrés. Pendant ces trente-six jours ces pauvres gens n’eurent d’autre nourriture que quinze châtaignes, & le peu de lait que leur fournissoit une chevre qui se trouva aussi dans l’étable où la lavanche les avoit ensevelis. Un des enfans mourut mais les autres personnes eurent le bonheur de réchapper, par les soins qu’on en prit lorsqu’elles eurent été tirées de cette affreuse captivité.

On donne aussi le nom de lavanches de terre aux éboulemens des terres qui arrivent assez souvent dans ces mêmes pays de montagnes ; cela arrive surtout lorsque les terres ont été fortement détrempées par le dégel & par les pluies : ces sortes de lavanches causent aussi de très-grands ravages. Voyez Scheuchzer, hist. nat. de la Suisse, & le journal étranger du mois d’Octobre 1757. (—)