L’Encyclopédie/1re édition/JOURDAIN

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 895-896).
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JOURDAIN (le), Géog. anc. aujourd’hui Schéria, riviere de la Palestine ; Ἰαρδάνος dans Pausanias, & Jardanis dans Pline, l. V. c. xv. Cette riviere, dit-il, qui sort de la fontaine Panéas, est très-agréable ; & autant que la situation des lieux voisins le lui permet, elle fait mille détours, comme pour se prêter aux besoins des habitans, & semble ne se rendre qu’à regret dans le lac Asphaltique, (la mer Morte).

Le Jourdain, après avoir tiré sa seule source de Panéas, forme à quelque distance le lac Séméthon, & parcourt (sans pouvoir acquérir cent piés de largeur dans le fort de son cours) environ 50 lieues, jusqu’à son embouchure dans la mer Morte, où il se perd. Ses bords sont couverts de joncs, de roseaux, de cannes, de saules, & d’autres arbres, qui font, au rapport de Maundrell, que pendant l’été, on a assez de peine à voir l’eau de cette riviere.

Le pere Hardouin dérive son nom de l’hébreu Jor-Edon, qui veut dire fleuve de Délices ; & c’est à sa source que plusieurs mettent le paradis terrestre ; cependant Josephe assure que toute la plaine qu’il arrose est deserte, extrêmement aride pendant l’été, & que l’air en est mal sain à cause de l’excessive chaleur.

Quoi qu’il en soit, il n’y a point de fleuve, si je puis en parler ainsi, plus célebre dans les livres sacrés : on sait par cœur les miracles qui s’opérerent dans le Jourdain, lorsqu’il se partagea pour laisser un passage libre aux Hébreux sous la conduite de Josué, chap. ij. vers. 13. & suivans ; lorsqu’Elie & Elisée le passerent en marchant sur les eaux, IV. liv. des Rois, c. xj. v. 8. & 14. lorsqu’Elisée fit marcher le fer de la coignée qui étoit tombée dans le Jourdain, IV. liv. des Rois, c. vj. v. 6. & 71. Enfin, lorsque le Sauveur du monde fut baptisé dans le même fleuve, que le ciel s’ouvrit, & que le Saint-Esprit descendit sur lui, Mathieu, ch. iij. v. 16.

Cette derniere circonstance du batême de J. C. a donné aux Chrétiens une grande vénération pour cette petite riviere ; aussi c’étoit anciennement une dévotion commune de se faire baptiser dans le Jourdain, ou du-moins de s’y baigner, comme font encore tous les pélerins qui parcourent la Palestine. Voyez Gange. (D. J.)