L’Encyclopédie/1re édition/IMPÉRIEUX

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 593).

* IMPÉRIEUX, (Gram. & Morale.) on le dit de l’homme, du caractere, du geste & du ton. L’homme impérieux veut commander par-tout où il est ; cela est dans son caractere ; il a le ton haut & fier, & le geste insolent. Les hommes impérieux avec leurs égaux sont impertinens, ou vils avec leurs supérieurs ; impertinens, s’ils demeurent dans leurs caracteres ; vils, s’ils en descendent. Si les circonstances favorisoient l’homme impérieux, & le portoient aux premiers postes de la société, il y seroit despote. Il est né tyran, & il ne songe pas à s’en cacher. S’il rencontre un homme ferme, il en est surpris ; il le regarde au premier coup d’œil comme un esclave qui méconnoît son maître. Il y a des amis impérieux ; tôt ou tard on s’en détache. Il y a peu de bienfaiteurs qui ayent assez de délicatesse pour ne le pas être. Ils rendent la reconnoissance onéreuse, & font à la longue des ingrats. On s’affranchit quelquefois de l’homme impérieux par les services qu’on en obtient. Il contraint son caractere, de peur de perdre le mérite de ses bienfaits. L’amour est une passion impérieuse, à laquelle on sacrifie tout. Et en effet, qu’est-ce qu’il y a à comparer à une femme, à une belle femme, au plaisir de la posséder, à l’ivresse qu’on éprouve dans ses embrassemens, à la fin qui nous y porte, au but qu’on y remplit, & à l’effet dont ils sont suivis ?

Les femmes sont impérieuses ; elles semblent se dédommager de leur foiblesse naturelle par l’exercice outré d’une autorité précaire & momentanée. Les hommes impérieux avec les femmes, ne sont pas ceux qui les connoissent le plus mal ; ces rustres-là semblent avoir été faits pour venger d’elles les gens de bien qu’elles dominent, ou qu’elles trahissent.