L’Encyclopédie/1re édition/HYMNOGRAPHE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 397).
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HYMNOGRAPHE, s. m. (Antiq.) compositeur d’hymnes. Les premiers poëtes de la Grece furent la plûpart hymnographes, & les plus grands poëtes composerent tous des hymnes : sans parler ici d’Orphée, d’Homere & de Callimaque, on compte parmi ceux dont les hymnes ont péri, Anthès, Olen de Lycie, Olympe mysien, Stésichore, Archiloque, Simonide, Alcée, Bacchylide, Pindare ; Pindare, dis-je, qui avoit choisi, comme on sait, Apollon delphien pour le sujet ordinaire de ses hymnes ; qui chantoit dans le temple ceux qu’il avoit composés ; & qui pour prix de ces mêmes hymnes, qui en faisant valoir le dieu, contribuoient sans doute au profit de la Pythie, en avoit obtenu une partie des prémices que l’on apportoit de toutes parts à Delphes.

La Grece accordoit des récompenses de toute espece aux excellens hymnographes ; disons plus, à peine commençoit-elle à se policer, qu’elle avoit établi des prix en leur faveur. Pausanias, parlant de plusieurs hymnographes qui furent couronnés, ajoûte qu’Orphée & son disciple Musée ne voulurent jamais consentir à paroitre dans la lyce, soit qu’ils se défiassent de la capacité de leurs juges, ou qu’ils dédaignassent des rivaux trop peu dignes d’eux.

Les Romains de leur côté établirent aussi des prix & des récompenses pour les hymnographes ; mais ils n’y songerent que lorsqu’ils n’eurent plus, pour ainsi dire, de poëtes. Horace & Catulle leur avoient fait entendre, dans les fêtes séculaires, des hymnes qui font encore notre admiration. La Poésie étoit alors en honneur, elle tomba avec Auguste & Mécene ; Domitien entreprit vainement de la rétablir, il proposa des prix pour les hymnographes, mais leurs beaux jours étoient passés, & ne devoient pas renaître sous un tyran, qui croyoit couvrir ses vices par un amour apparent pour les beaux Arts. (D. J.)