L’Encyclopédie/1re édition/HUMILITÉ

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 352-353).

HUMILITÉ, s. f. (Morale.) c’est une sorte de timidité naturelle ou acquise, qui nous détermine souvent à accorder aux autres une prééminence que nous méritons. Elle naît d’une réflexion habituelle sur la foiblesse humaine, sur les fautes qu’on a commises, sur celles qu’on peut commettre, sur la médiocrité des talens qu’on a, sur la supériorité des talens qu’on reconnoît à d’autres, sur l’importance des devoirs de tel ou tel emploi qu’on pourroit solliciter, mais dont on s’éloigne par la comparaison qu’on fait de ses qualités personnelles, avec les fonctions qu’on auroit à remplir, &c. Il y a des occasions où l’amour-propre, bien entendu, ne conseille pas mieux que l’humilité. L’orgueil est l’opposé de l’humilité ; l’homme humble s’abaisse à ses propres yeux & aux yeux des autres ; l’orgueilleux se surfait. Se déprimer soi-même pour plaire à celui qu’on méprise, & qu’on veut flatter, ce n’est pas humilité ; c’est fausseté, c’est bassesse. Il y a de la différence entre l’humilité & la modestie ; celui qui est humble ne s’estime pas ce qu’il vaut ; celui qui est modeste peut connoître toute sa valeur, mais il s’applique à la dérober aux autres ; il craint de les humilier. L’homme médiocre, qui se l’avoue franchement, n’est ni humble, ni modeste ; il est juste, & n’est pas sans quelque courage.