L’Encyclopédie/1re édition/HERMIONÉ

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 172-173).
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HERMIONÉ, (Géog. anc.) ancienne ville du Péloponnese au royaume d’Argos, bâtie à quatre stades du promontoire, sur lequel étoit le temple de Neptune. M. Fourmont la reconnut dans son voyage de Grece en 1730, sur la simple description qu’en fait Pausanias, liv. II. ch. xxxjv.

Une peninsule qui s’étend dans la mer, en s’élargissant & s’arrondissant ensuite, forme deux ports ; la ville est située au-dessus ; des canaux, dont on voit le reste, y apportoient l’eau de plus haut ; deux villages des environs s’appellent encore Halica & Ilé. La vue du Didymos, de l’île Tiparénus, & la proximité du cap Scyllaeum, que l’on appelle encore Scylla, formoient de nouveaux caracteres de ressemblance. Mais dès que M. Fourmont eut été dans les églises & dans les maisons, qu’il y eut trouvé beaucoup d’inscriptions qui parlent des Hermionéens, & qu’il eut apperçu des restes de murs de la structure extraordinaire desquels Pausanias n’a pas dédaigné de nous instruire ; M. Fourmont, dis-je, ne douta plus que ce ne fût là cette Hermioné, où il y avoit autrefois tant de temples, entr’autres celui de Cerès, surnommée Chtonia ; enfin cette même Hermioné dont les habitans ne croyoient pas qu’ils dussent rien payer à Caron, pour passer dans sa barque fatale, parce qu’ils étoient trop près de l’enfer, & que ce voisinage devoit les exempter du tribut ordinaire.

La pourpre de cette ville passoit pour la plus précieuse qu’il y eût au monde. Alexandre s’étant rendu maître de Soze, trouva dans Hermissée, dit Plutarque, entr’autres richesses cinq mille quintaux de pourpre, qu’on y avoit amassé pendant près de deux siecles, & cette pourpre conservoit encore toute sa fleur & son éclat. On comprendra de quelle immense richesse étoit ce magasin de pourpre, quand on se rappellera qu’elle se vendoit jusqu’à cent écus de France la livre, monnoie de nos jours ; en la supposant seulement à cent francs la livre, c’étoit un objet de cinquante millions. (D. J.)