L’Encyclopédie/1re édition/HENRI D’OR

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 132).
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HENRI D’OR, s. m. (Monnoie de France) nom d’une petite monnoie d’or, qui commença & finit sous Henri II. Ce nom d’homme appliqué à une monnoie, ne doit pas surprendre ; car il n’y a rien de si fréquent chez les Grecs, les Romains, & les autres peuples, que les monnoies qu’on appelloit du nom du prince dont elles portoient l’image, témoin les philippes de Philippe de Macédoine, les dariques de Darius le Mede, & une infinité d’autres.

Le poids & le titre des henris étoit à vingt-trois karats un quart de remede ; il y en avoit soixante-sept au marc ; chaque piece pesoit deux deniers vingt grains trébuchans, & par conséquent quatre grains plus que les écus d’or : cette monnoie valoit dans son commencement cinquante sols ; on fit aussi des demi-henris, qui valoient vingt-cinq sols, & des doubles henris qui en valoient cent. Toutes ces especes furent frappées au balancier, dont l’invention étoit alors nouvelle.

Les premiers représentoient d’un côté Henri armé & couronné de lauriers, & de l’autre portoient une H couronnée ; les derniers avoient sur leur revers, une femme armée représentant la France, assise sur des trophées d’armes ; elle tenoit de la main droite une victoire, & pour légende Gallia optimo principi, ce qui est une imitation d’une médaille de Trajan, & ce fut la flaterie d’un particulier qui l’imagina ; mais le peuple que ce monarque accabla d’impôts durant son regne, étoit bien éloigné de la consacrer ; cependant le hasard fit que jamais les monnoies n’avoient été si belles, si bien faites & si bien monnoyées qu’elles le furent sous ce prince, à cause du balancier qu’on inventa pour les marquer. On fit bâtir en 1550 au bout du jardin des étuves, une maison pour y employer cette nouvelle machine : cette maison qu’on nomma la monnoie, fut enfin établie en 1553, & l’on fit alors des réglemens pour sa police & pour ses officiers. (D. J.)