L’Encyclopédie/1re édition/GRAVIER
GRAVIER, s. m. voyez Arene.
Gravier, (Hist. nat.) On donne le nom de gravier à un amas prodigieux de petites pierres, & surtout de petits cailloux ; il ne differe du sable que parce que ses parties sont plus grossieres & moins homogenes que les siennes. Le gravier se trouve ordinairement sur le bord des rivieres & dans quelques endroits de la campagne, où il est répandu par couches qui varient infiniment pour l’étendue, la profondeur, & la nature des pierres qui le composent. En général pourtant le gravier, dans quelque endroit qu’il se trouve, semble toûjours y avoir été apporté par les eaux, attendu que les pierres qu’on y remarque sont toûjours plus ou moins arrondies, ce qui a dû se faire par le roulement.
On se sert du gravier pour sabler les allées des jardins. Les Anglois ont un gravier d’une nature excellente, & qui surpasse tous les autres en bonté ; on l’employe aux grands chemins : ce qui en fait des routes très-unies, & beaucoup plus commodes que le pavé pour les voitures. De toutes les especes de graviers qu’on trouve en Angleterre, le plus estimé est celui de Black-Heath ; il est entierement composé de petits cailloux parfaitement arrondis. On prétend que Loüis XIV. offrit à Charles II. de lui fournir assez de pavé pour paver la ville de Londres, à condition que ce prince lui donnât en échange la quantité de gravier nécessaire pour sabler les jardins de Versailles. Quoi qu’il en soit de la vérité de ce fait, il paroît que cet échange n’a point eu lieu.
Voici comment on sable en Angleterre, en France, & ailleurs, les allées des jardins avec du gravier. On commence par couvrir l’allée, soit avec des rognures de pierres de taille qu’on appelle recoupe des pierres, soit avec des pierres-à-fusil, ou toute autre pierre dure ; on en met huit ou dix pouces d’épaisseur pour empêcher les mauvaises herbes de croître : au lieu de pierres on y met quelquefois du salpetre qu’on a soin de bien battre ; on met ensuite par-dessus cinq ou six pouces de gravier.
On a la précaution de faire que le milieu de l’allée soit plus élevé que les deux côtés, & forme comme un dos-d’âne, pour faciliter l’écoulement des eaux. Il faut ensuite faire passer, en tous sens à plusieurs reprises, un rouleau ou gros cylindre de pierre fort pesant par-dessus le gravier, afin de l’égaliser ; il est à-propos de faire la même chose trois ou quatre fois à la suite des pluies d’orage violentes. Quand le gravier est trop sec, il est bon de le mêler avec de la glaise, cela fait qu’il prend corps plus aisément. Voyez le supplément de Chambers. (—)