L’Encyclopédie/1re édition/GNATIA

GNESNE  ►

GNATIA, Gnatia ou Egnatia, (Géog. anc.) étoit une ville des Salentins ; on l’appelle aujourd’hui la Terre d’Anazzo ; elle est à quarante milles de Bari, & sur la même côte. Cette ville n’avoit que des eaux salées, & ses habitans étoient fort superstitieux. Ils montroient aux étrangers un prétendu miracle (car tout le monde en a fait) ; ils mettoient, dit Pline, liv. I. chap. cvij. sur le seuil de leur temple des grains d’encens ou quelques morceaux de bois, & on les voyoit consumer sans qu’on eût approché le moindre feu. Horace se moque de cette fourberie dont on le régala dans son voyage de Brindes ; voici ses propres paroles :

Dehinc Gnatia lymphis
Iratis extructa, dedit risusque, jocosque
Dum flammâ sine, thura liquescere limine sacro,
Persuadere cupit ; credat judœus Apella.

Sat. v. liv. I.

« Ce sot peuple de Gnatia nous apprêta fort à rire ; il nous débitoit sérieusement, & de maniere à vouloir nous persuader, que l’encens posé sur une pierre sacrée à l’entrée de leur temple, se fond & se consume de lui-même sans feu ; cela seroit bon à dire au juif Apella. » (D. J.)