L’Encyclopédie/1re édition/FNÉ

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FNÉ, s. m. (Mar.) c’est une sorte de bâtiment qui n’est en usage qu’au Japon. Il sert à transporter les marchandises par tout l’empire, tant sur les rivieres que le long des côtes ; mais il ne peut pas s’exposer en plaine mer, & faire de grands voyages, qui sont défendus aux Japonois.

Les fnés ont l’avant & le dessous fort aigus ; ils coupent bien l’eau, & prennent facilement le vent : ils n’ont qu’un mât placé vers l’avant, & quarré jusqu’au bas où il est rond ; on peut le mettre bas en le couchant vers l’arriere ; ce qu’ils font quand le vent est contraire ; alors on prend les rames pour nager, & le mât sert de banc pour s’asseoir : c’est par cette raison qu’on le fait quarré. Il y a une ouverture pour mettre le pié du mât quand on l’arbore, & pour le soûtenir il y a des étais à l’avant & à l’arriere, qui sont amarrés à des traversins qui sont vers ces deux bouts ; on se sert de racages pour hisser la vergue & la voile.

Les voiles sont presque toutes de toiles de lin tissues, & rarement de paille ou de roseaux entrelacés.

Comme chaque bâtiment n’a qu’un mât, il n’a aussi qu’une voile.

Les ancres sont de bois, de la figure de deux courbes, auxquelles est bien amarrée une pierre très-pesante ; chaque bâtiment en porte cinq ou six, surtout lorsqu’ils doivent ranger la côte de bien près, & passer entre des rochers.

Ils ont aussi quelquefois des grapins de fer comme les nôtres, mais cela est rare ; la plûpart des cables sont de paille broyée, qu’on entrelace avec un artifice admirable ; ils ont vingt à trente brasses de long : il y en a aussi de brou, qui sont legers & qui nagent sur l’eau ; mais on en voit rarement de chanvre, & leur longueur n’est que de 50 brasses.

Le bois dont les fnés sont faits est fort blanc, & s’appelle fenux, excepté que la sale est de bois de camtre, dont on se sert en cette occasion, parce qu’il n’est pas sujet à être criblé des vers, n’y ayant pas d’insecte qui puisse subsister avec l’ardeur de ce camfre. Jamais on ne les braie, mais une fois le mois on les tire à terre, où on les racle ; on leur donne le feu, & on les suifve un peu par-dessous : ils ne sont que du port de cent vingt ou cent trente tonneaux.

Le mât du fné n’a pas beaucoup de hauteur : le gouvernail passe par une ouverture qui est à l’arriere ; il ne descend pas perpendiculairement, mais tout-à-fait en biais ; il est fort large & plus épais que la quille ; on le fait joüer avec des cordes ou avec la main : l’étrave est ronde. Il y a beaucoup de ces bâtimens qui sont tout ouverts ; d’autres ont un pont volant qui est plat & sans tonture, & qui s’ôte & se remet.

Il y a une petite chambre à l’arriere, dont la cloison est en coulisse ; elle est pour le maître & pour le pilote qui, par le moyen de ces coulisses, peuvent voir tout ce qui se passe dans le vaisseau.

Les fnés ont de largeur dans leur milieu le tiers de leur longueur ; ils sont un peu plus étroits par le haut que par le bas : ils ont de creux environ quatre piés dans l’œuvre morte & au-dessus de l’eau, outre quelque planche ouvragée qui est sur la lisse de vibord, & qui fait une petite saillie à côté.

La cuisine qui n’est qu’un foyer tout ouvert, se place sous le pont au milieu du bâtiment.

La fosse aux cables est sous l’éperon, qui s’élance en-dehors sur l’eau.

Le vaisseau est souvent enjolivé en-dedans de papier qui y est collé. Il a des côtes & un serrage, comme ceux d’Europe, & les coutures sont calfatées de brou. (Z)