L’Encyclopédie/1re édition/FABLIAUX

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FABLIAUX, s. m. (Littérat. franç.) Les anciens contes connus sous le nom de fabliaux, sont des poëmes qui, bien exécutés, renferment le récit élégant & naïf d’une action inventée, petite, plus ou moins intriguée, quoique d’une certaine proportion, mais agréable ou plaisante, dont le but est d’instruire ou d’amuser.

Il nous reste plusieurs manuscrits qui contiennent des fabliaux : il y en a dans différentes bibliotheques, & sur-tout dans celle du Roi ; mais un manuscrit des plus considérables en ce genre, est celui de la bibliotheque de saint Germain des Prés, n°. 1830. Les auteurs les moins anciens dont on y trouve les ouvrages, paroissent être du regne de S. Louis.

Ces sortes de poésies du xij. & xiij. siecles, prouvent que dans les tems de la plus grande ignorance, non-seulement on a écrit, mais qu’on a écrit en vers : le manuscrit de l’abbaye de S. Germain en contient plus de 150 mille. M. le comte de Caylus en a extrait quelques morceaux dans son mémoire sur les fabliaux, inséré au tome XX. du recueil de l’académie des Inscript. & Belles-Lettres. Cependant le meilleur des fabliaux de ce manuscrit, ainsi que ceux dont le plan est le plus exact, sont trop libres pour être cités ; & en même tems, au milieu des obscénités qu’ils renferment, on y trouve de pieuses & longues tirades de l’ancien Testament. Une telle simplicité fait-elle l’éloge de nos peres ? Article de M. le Chevalier de Jaucourt.