L’Encyclopédie/1re édition/EULOGIE

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EULOGIE, s. f. dans l’histoire de l’Église. Quand les Grecs ont coupé un morceau de pain pour le consacrer, ils taillent le reste en petits morceaux, & les distribuent à ceux qui n’ont pas encore communié, ou les envoyent à ceux qui sont absens ; & ces morceaux sont ce qu’ils appellent eulogies.

Ce mot est grec, composé de εὖ, bene, bien, & λέγω, je dis ; c’est-à-dire benedictum, béni.

Pendant plusieurs siecles l’église latine a eu quelque chose de semblable aux eulogies, & c’est de-là qu’est venu l’usage du pain béni.

On donnoit pareillement le nom d’eulogie à des gateaux que les fideles portoient à l’église pour les faire bénir.

Enfin l’usage de ce terme passa aux présens qu’on faisoit à quelqu’un, sans aucune bénédiction. Voyez le Jésuite Greetser dans son traité de benedictionibus & maledictionibus, liv. II. ch. xxij. xxjv. &c. où il traite à fond des eulogies.

Il paroît par un passage de Bollandus sur la vie de S. Melaine, ch. jv. que les eulogies étoient non-seulement du pain, mais encore toutes sortes de mets bénis, ou présentés pour l’être. Depuis, toutes sortes de personnes bénissoient & distribuoient les eulogies ; non-seulement les évêques & les prêtres, mais encore les hermites, quoique laïcs, le pratiquoient. Les femmes pouvoient aussi envoyer des eulogies, comme il paroît par la vie de S. Vaulry, ch. iij. n°. 14 ; dans les Bollandistes, Acta sanct. Jan. tom. I. page 20.

Le vin envoyé en présent étoit aussi regardé comme eulogie. De plus, Bollandus remarque que l’Eucharistie même étoit appellée eulogie. Acta sanct. Jan. tom. II. p. 199. Chambers. (G)