L’Encyclopédie/1re édition/EPIPHYSE

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EPIPHYSE, s. f. (Anat.) appendice cartilagineuse, en grec ἐπίφυσις, de ἐπιφύω, croître dessus. Epiphyse est le nom que donnent les Anatomistes à certaines éminences cartilagineuses, qui paroissent des pieces rapportées, ajoûtées, & unies au corps de l’os, de la même maniere que la partie cartilagineuse des côtes l’est à l’égard de leur portion osseuse. Les épiphyses se rencontrent dans toutes les articulations avec mouvement.

L’union des épiphyses au corps de l’os, se fait par le moyen d’un cartilage qui se durcit, s’ossifie presque toûjours vers la deuxieme année, & ne forme dans la suite avec l’os qu’une seule piece, de maniere qu’il n’est plus possible de les séparer. En effet si dans l’adulte avancé en âge l’on scie l’os & l’épiphyse en même tems, on y découvre à peine les traces du cartilage qui faisoit auparavant leur union : cependant il est certain que le bout des os des extrémités, & la plûpart des apophyses, ont été épiphyses dans l’enfance ; phénomene curieux dont l’explication mériteroit un traité particulier qui nous manque encore en Physiologie. Mais ne pouvant entrer ici dans un pareil détail, nous nous contenterons seulement de remarquer que l’union des épiphyses au corps de l’os, permet à une partie du périoste de s’insinuer entre deux, de sorte que par ce moyen plusieurs vaisseaux sanguins s’y glissent, & portent à l’os de même qu’à la moelle, la matiere de leur nourriture.

Observons aussi qu’il y a des épiphyses qui ont encore leur apophyse, comme l’épiphyse inférieure du tibia ; & qu’il y a semblablement des apophyses qui portent des épiphyses, comme il paroît dans le grand trochanter. Ainst la tête du fémur est dans les jeunes sujets, quelquefois dans les adultes, une épiphyse de la partie de cet os qu’on appelle son cou.

Les épiphyses prennent, ainsi que les apophyses, des noms différens tirés de leur figure. Par exemple, quand elles sont sphéroides, elles s’appellent tête ; quand l’éminence est placée immédiatement au-dessous de la tête, cou ; quand la tête est plate, condyle ; quand sa surface est raboteuse, tubérosité : celles qui se terminent en maniere de stilet, sont nommées stiloïdes ; celles qui ont la forme d’un mammelon, mastoïdes ; celles qui ressemblent à une dent, odontoïdes ; à une chauve-souris, ptérigoïdes, &c. mais tous ces rapports, vrais ou prétendus, ne sont que de pures minuties anatomiques dont cette science est accablée.

Les épiphyses ont des usages qui leur sont communs avec les apophyses, comme de servir en général à l’articulation, à attacher les muscles & les ligamens dont elles augmentent la fermeté, à rendre les os plus legers par leur spongiosité, plus forts & moins cassans, en multipliant les pieces. Elles servent encore à augmenter la force des muscles, en donnant plus d’étendue à l’extrémité des os : on peut ajoûter que la situation & la figure particuliere des épiphyses, les rendent capables d’autant d’usages différens. Enfin ces sortes d’éminences cartilagineuses préviennent dans les enfans la fracture des os, & font que dans l’accroissement du corps ils peuvent s’allonger plus aisément, & parvenir à leur juste grandeur. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.