L’Encyclopédie/1re édition/EPHETE

EPHETE, s. m. (Hist. anc.) magistrat chez les Athéniens, dont le nombre varia de même que le district. Voyez M. Samuël Petit, dans ses commentaires latins sur les lois d’Athenes, liv. VIII. ouvrage plein de savoir.

Le roi Démophon créa les éphetes, pour connoître seulement des meurtres ; ensuite Dracon étendit leur pouvoir & leur nombre pour en former un tribunal suprème, tant criminel que civil. Il le composa de cinquante-un juges, tirés de ce que la république d’Athenes avoit de meilleur dans son sein : il falloit, pour y être admis, avoir, outre l’âge de 50 ans, de la naissance, une fortune au-dessus de la médiocre, & sur toutes choses une vertu épurée, trois qualités si rarement réunies. On appelloit à cet auguste tribunal des décisions de tous les autres, & il jugeoit de toutes les affaires en dernier ressort. Mais il arriva que l’Aréopage, humilié par Dracon, reprit sous Solon toute sa splendeur, & anéantit celle des éphetes : cependant ce célebre Aréopage lui-même, après s’être attiré pendant quelque tems le respect des peuples, vit à son tour ses beaux jours s’évanoüir, & tout son lustre se ternir par les vices & la corruption. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.