L’Encyclopédie/1re édition/ENTRAVES

ENTRAVES, s. f. (Man. Maréchall.) espece de liens par le secours desquels nous pouvons nous assûrer & nous rendre maîtres des chevaux, soit qu’il s’agisse de les retenir dans les pâturages, ou de leur ôter la liberté, dans l’écurie, d’élever leurs piés de devant sur l’auge ou contre les rateliers ; soit que nous soyons dans l’obligation de les assujettir ou de les abattre pour leur faire quelques opérations.

Les entraves dont nous faisons usage dans le premier cas, sont composés de deux entravons qui sont unis par des anneaux ou par une chaîne de fer, ou quelquefois par une laniere non moins forte que celles qui forment les entravons. Voyez Entravon. On doit avoir la précaution d’en délivrer l’animal, pour lui laisser plus de liberté lorsqu’il veut se coucher. Il est bon aussi de faire attention que les jambes du cheval entravé très-long-tems, peuvent insensiblement s’arquer, & que souvent par cette même raison l’animal devient panard.

Dans le second cas nous n’employons que des entravons non unis, mais séparés ; nous les fixons, ainsi que les premieres entraves, dans le pli des paturons des quatre jambes ensemble, ou d’une ou de deux seulement, selon le besoin ; en observant de les boucler de façon que les boucles soient en-dehors. Lorsque notre intention est d’empêcher uniquement le cheval de rüer, nous ne mettons nos entravons qu’aux extrémités postérieures, & nous passons une corde de chaque côté, dans l’anneau dont doit être pourvû chacun d’eux. Nous croisons ensuite chacune de ces cordes ou de ces longes sous le ventre de l’animal, & nous les arrêtons fermement par une seule boucle coulante, qu’il nous est facile de défaire promptement, aux deux côtés de l’encolure, & à des anneaux de fer dont est garni un colier de cuir que nous avons passé sur la tête & sur l’encolure du cheval. Est-il question de l’abattre & de le renverser ? les quatre paturons seront saisis des entravons ; nous attacherons une longe à l’anneau de l’un de ceux de devant, nous en ferons passer l’autre extrémité dans celui de l’autre entravon de ce même devant, & ensuite dans les deux anneaux de ceux de derriere : nous repasserons une seconde fois dans le premier anneau auquel la longe est attachée ; après quoi plusieurs hommes réunissant leurs forces, tireront cette longe, & rapprocheront ainsi les piés de l’animal, qui ne pourra s’opposer à sa chûte. C’est ainsi que nous devons nous précautionner contre les efforts qu’il feroit pour nous résister, & nous mettre en garde contre les coups dont il pourroit nous atteindre.

L’animal étant renversé, nous le plaçons dans la situation la plus convenable à l’opération que nous avons dessein de pratiquer. Au surplus, en indiquant les moyens de le soûmettre en conséquence des liens dont il s’agit, je n’ai pas décrit ce que font la plûpart des maréchaux dans ces sortes de cas : j’en ai dit assez pour instruire sur ce qu’ils devroient faire. (e)