L’Encyclopédie/1re édition/DÉLITESCENCE

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DÉLITESCENCE, s. f. terme de Chirurgie ; retour subit de la matiere d’un aposteme ou d’un ulcere dans les vaisseaux. Voyez Aposteme.

La délitescence est avantageuse au malade, quand la matiere rentrée dans les vaisseaux, sort par les urines, par les selles, ou par la transpiration : cette dépuration empêche qu’il n’arrive aucun accident au malade. La délitescence est fort à craindre dans les inflammations malignes & dépuratoires : elle est desavantageuse quand l’humeur se dépose dans quelques parties ; mais elle l’est plus ou moins, selon que l’humeur est bénigne ou maligne, & que les parties où elle se dépose sont externes ou internes.

Parmi les internes il y en a certaines où il est plus dangereux qu’elle se fasse que dans d’autres : par exemple, il est plus dangereux qu’elle se fasse dans le cerveau que dans le foie ; il est plus dangereux qu’elle se fasse dans le foie que dans la poitrine.

Les causes de la délitescence sont la fluidité de l’humeur, le mauvais usage des repercussifs, l’exposition de la tumeur à l’air froid, un régime mal observé, la fievre, l’usage des narcotiques, les passions de l’ame, &c. On peut prévenir la délitescence, en éloignant les causes autant qu’il est possible, ou en les combattant par les moyens que l’art indique.

La diminution de la tumeur, les frissons irréguliers, la fievre, les douleurs dans une partie différente de celle où est la maladie, annoncent la délitescence.

La phrénésie, l’assoupissement, l’accablement, les mouvemens convulsifs, le délire, &c. font connoître que la matiere s’est déposée dans le cerveau. La difficulté de respirer, la douleur de côté, &c. marquent qu’elle s’est faite à la poitrine.

La douleur & la tension de l’hypocondre droit, les hoquets, font connoître qu’elle s’est faite au foie. Voyez Métastase. (Y)