L’Encyclopédie/1re édition/CRIEUR

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CRIEUR DES BANS (Jurisprud.) de la ville de Paris, c’est le crieur public qui fait les proclamations & cris publics, appellés autrefois bans. Il est ainsi nommé dans des lettres de Charles VI. du 3 Janvier 1381, & 5 Mars 1398, qui lui défendent de faire aucune prise de vivres sur les habitans du Bourg-la-Reine & autres lieux qui y sont nommés. (A)

Crieur public : il y en avoit un dès 1350 pour les ordonnances ; il est aussi parlé des crieurs de corps & de vin dans un réglement de la même année, & l’on voit qu’il y en avoit dès-lors dans la plûpart des villes ; que ces crieurs s’attribuoient différens droits & émolumens ; qu’à Bois-Commun ils prétendoient exiger un droit lors du mariage des habitans ; ce qui leur fut défendu par une ordonnance du roi Jean du mois d’Avril 1351.

Dans des lettres du roi Jean de l’année 1352, il est parlé du crieur qui faisoit les enquants, incantator.

On voit aussi par des lettres de Charles V. du 9 Mai 1365, que le crieur public annonçoit par la ville l’heure des enterremens & des vigiles. D’autres lettres de 1366 justifient qu’à Pontorson le valet du roi, famulus regis, qui publioit & crioit le vin qui étoit à vendre, avoit un denier pour chaque cri de vin, une obole pour chaque cri de bierre ; qu’il avoit aussi un droit pour le cens dont il faisoit la recette.

Crieur du Roi, c’est le juré crieur public : il est ainsi nommé dans des lettres de Charles VI. du 2 Juillet 1388, & dans d’autres lettres du 16 Février suivant. (A)

* Crieurs de vieilles ferrailles & de vieux drapeaux ; ce sont des hommes qui rodent dans les rues, qui vont dans les maisons, & qui assistent quelquefois aux inventaires, ils achetent les vieux morceaux de fer, & le rebut d’une infinité d’ustensiles de ménage, qu’ils revendent. Ils forment communauté. Ils sont au nombre de vingt-quatre, & il est défendu à tous autres de s’ingérer de leur commerce.

Crieuses de vieux chapeaux, (Comm.) femmes qui se promenent dans les rues, qui vont aux inventaires, & qui achetent & revendent. Elles forment à Paris un corps très-nombreux, dont les membres s’entendent très-bien : elles n’enchérissent point les unes sur les autres dans les inventaires, parce que toutes celles qui sont présentes à un achat y ont part : elles dégoûtent facilement les particuliers d’acheter, parce qu’une perte qui deviendroit considérable pour une seule personne, se répartit entre elles sur un si grand nombre, qu’elle se réduit presqu’à rien : enfin elles s’indiquent les maisons où elles ont été appellées, afin qu’aucune n’aille au-dessus du prix qu’une premiere aura offert. Les choses perdues ou volées se retrouvent assez souvent entre leurs mains, quoique la police & la justice les traitent avec beaucoup de sévérité.