L’Encyclopédie/1re édition/COURIR
COURIR, en terme de Marine, c’est faire route : on dit courir au nord, courir au sud, pour signifier faire route au nord ou au sud.
Quand on apperçoit à la mer un vaisseau qu’on dit courir à l’est ou à l’ouest, c’est dire qu’il fait route vers l’est ou vers l’ouest. Si l’on dit qu’il court à l’autre bord, il faut entendre qu’il fait une route contraire à celle que tient celui qui le voit.
Courir une bordée, (Marine.) c’est faire route sur un côté, jusqu’à ce qu’on revire pour courir de l’autre côté.
Courir sur la terre, (Marine.) c’est lorsqu’on voit une terre, ou qu’on estime n’en être pas éloigné, on fait route pour s’en approcher.
Courir terre à terre, (Marine.) c’est naviger le long de la côte ; ranger la côte.
Courir le bon bord, (Marine.) c’est une façon de parler de corsaires, pour dire qu’il ne faut attaquer que des vaisseaux marchands, dont la prise peut être bonne & avantageuse.
Courir, la côte court, (Marine.) on se sert de ce mot pour signifier que les terres s’étendent & regnent suivant un certain gissement, ou selon tel air devent.
Lorsqu’on dit qu’une chaîne de roche ou qu’un banc de sable court au sud-ouest deux lieues, c’est dire qu’il s’étend à cette distance sur cet air de vent.
Fais courir, (Marine.) terme de commandement qu’on fait au timonier, pour qu’il fasse porter plein les voiles, ou qu’il n’aille pas au plus près du vent.
Courir sur son ancre, (Marine.) c’est lorsque le vaisseau est porté ou chassé par le vent ou le courant de la mer, du côté où son ancre est mouillée. (Z)
Courir, (Jurisprud.) a dans cette matiere plusieurs significations.
On dit, par exemple, qu’une procédure empêche la peremption ou la prescription de courir.
Il faut une demande expresse pour faire courir les intérêts.
On dit aussi courir un bénéfice, pour dire envoyer à Rome pour l’obtenir. Voyez Course & Course ambitieuse. (A)
Courir, dans le Commerce, a diverses significations.
On dit que les intérêts d’une somme commencent à courir, quand ils commencent à être dûs. Les intérêts des sommes dûes pour marchandises, ne courent que du jour que la demande a été faite en justice par le créancier, & qu’il est intervenu un jugement qui y condamne le débiteur.
Courir sur le marché d’autrui, c’est vouloir avoir une marchandise dont un autre est en marché, en enchérissant sur lui, ou en offrant de meilleures conditions.
Courir franc, terme de négoce d’argent, qui se dit lorsque les agens de banque ne prennent rien pour leur salaire des lettres-de-change qu’ils font fournir pour de l’argent comptant. Dictionn. de Comm. (G)
Courir, (Manége.) c’est faire galoper un cheval de toute sa force. Trop courir un cheval, c’est l’outrer, le faire courir trop vîte & trop long tems. Courir à toutes jambes ou à tombeau ouvert, c’est faire courir son cheval tant qu’il peut. (V)
Courir, v. neut. terme d’ourdissage ; il se dit d’un fil de laine, de soie, de fil, lorsqu’il fournit beaucoup d’étoffe ou d’ouvrage. Il court d’autant plus, qu’il est plus fin.
Courir, se dit aussi en Géographie. Cette suite de montagnes, dit-on, court est-ouest, pour dire qu’elle est dirigée de l’est à l’ouest ; cette côte court entre l’ouest & l’ouest-sud-ouest, pour dire que sa direction est entre l’ouest & l’ouest-sud-ouest, &c. & ainsi des autres. (O)