L’Encyclopédie/1re édition/COTERIE

* COTERIE, s. f. terme emprunté des associations de commerce subalterne, où chacun fournit sa cote part du prix, & reçoit sa cote part du gain, & auquel on n’a rien ôté de la force de sa premiere acception, en le transportant à de petites sociétés où l’on vit très-familierement, où l’on a des jours reglés d’assemblées & des repas de fondation, où chacun fournit sa cote part de plaisanterie, bonne ou mauvaise ; où l’on fait des mots qui ne sont entendus que là, quoiqu’il soit presque du bon ton d’en user par tout ailleurs, & de trouver ridicules ceux qui ne les entendent point, &c. Toute la ville est divisée en coteries, ennemies les unes des autres & s’entre-méprisant beaucoup. Il y a telle coterie obscure qui équivaut à une bonne société, & telle société brillante qui n’équivaut tout juste qu’à une mauvaise coterie. Il n’y a presque point de bonnes coteries, gaies, libres, & franches, sous les mauvais regnes.

Coteries, (Jurisp.) c’est le nom que l’on donne en certaines coûtumes aux héritage roturiers, comme dans celle d’Artois, art. 20. suivant lequel ces coteries doivent être relevées & droiturées dans sept jours, sinon elles sont réunies de plein droit à la table du seigneur. Les héritages cotiers, qui sont la même chose que coteries, ne peuvent, lorsqu’ils sont patrimoniaux, être aliénés sans le consentement de l’héritier apparent. Les héritiers en égal degré succedent aux coteries par égales portions ; la femme a la moitié des coteries acquises par son mari. La dessaisine & saisine, & la saisie seigneuriale des coteries ou rotures mouvantes de la seigneurie vicomtiere, doivent être faites en présence des hommes de fief & non des hommes cotiers, qui ne doivent point desservir les plaids de la justice du vicomte, puisqu’il y a des vassaux pour l’exercer. Voyez la coût. d’Artois, art. 20. 77. 106. 136. Pour l’étymologie du mot coterie, voyez Ducange, gloss. lat. cota, cotagium, cotarius. Menage, dict. au mot coteraux. (A)