L’Encyclopédie/1re édition/CLAIRE

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* CLAIRE, religieuses de sainte Claire ou Clarisse, (Hist. eccl.) elles ont pour fondatrice la sainte dont elles portent le nom. S. François d’Assise donna à sainte Claire l’église de S. Damien. Les filles qui formoient alors cette communauté n’avoient point adopté de regle ; S. François ne leur en fit une qu’en 1224. Elles avoient déjà des établissemens, tant en Espagne qu’en France : ces maisons suivoient l’institut de S. Benoît, & des constitutions particulieres qu’elles avoient reçûes du cardinal Hugolin ; la regle de S. François ne fut que pour la maison de S. Damien. La vie de ces religieuses étoit très-austere. Elles subsistent aujourd’hui sous deux noms ; les Damianistes qui suivent les constitutions de S. François dans toute leur rigueur ; & les Urbanistes qui n’ont retenu ces constitutions qu’avec les tempéramens qu’y a apportés Urbain IV.

Claire, s. f. (Chim. & Docim.) on appelle ainsi la cendre d’os calcinés, lessivée, séchée, & réduite en poudre impalpable sur le porphyre, dont on enduit la surface interne des coupelles non-seulement pour en remplir les inégalités, mais encore pour former sur cette surface une espece de crible à-travers lequel le plomb & les autres métaux vitrifiés passent très-aisément, tandis que l’or & l’argent, ou tout autre métal qui a encore sa forme métallique, y sont arrêtés. La claire a encore un autre avantage, c’est que si elle est bien appliquée, elle empêche tous les accidens qui pourroient arriver aux coupelles dans lesquelles il se trouveroit du sable, ou d’autres matieres vitrescibles ; ce qui est fort ordinaire, sur-tout si on s’est servi de cendres de bois pour les former. On voit par-là de quelle conséquence il est de préparer avec toute l’attention possible les cendres dont on doit faire la claire. V. l’art. Cendrée.

On fait calciner les os ou arrêtes dans un creuset ou vaisseau de terre bien net, qu’on a soin de couvrir exactement ; on donne un feu très-violent pendant quelques heures ; on jette ensuite les matieres calcinées dans de l’eau pour les lessiver ou en tirer les sels, & on les réduit en poudre impalpable. On remet sur cette cendre de nouvelle eau qu’on a soin de bien remuer ; on donne le tems à la matiere la plus grossiere de tomber au fond de l’eau : après quoi on décante l’eau qui surnage, tandis qu’elle est encore un peu trouble. On laisse séjourner cette eau pendant vingt-quatre heures dans un vaisseau propre & à l’abri de la poussiere. Au bout de ce tems, lorsque l’eau est entierement claire, on la verse doucement par inclination ; on laisse sécher la fécule blanche qui est tombée au fond du vaisseau, & on la réserve pour l’usage.

Avant de s’en servir, on la calcine de nouveau dans un creuset, & on la pulvérise encore une fois à sec sur le porphyre, observant que le porphyre soit assez dur, pour que les cendres d’os n’en emportent rien. On prend cette cendre pour en répandre sur la surface intérieure ou concave des coupelles, lorsqu’elles sont encore fraîches, & même avant qu’elles soient retirées du moule ; & pour qu’elle soit distribuée par-tout le plus également qu’il est possible, on la met dans un petit tamis de soie, & on en saupoudre la coupelle, ayant soin de n’en faire tomber qu’autant qu’il en faut pour former une legere couche qu’on acheve de rendre unie avec le bout du petit doigt, s’il en est besoin, & qu’on comprime d’un coup de marteau frappé sur la partie supérieure du moule appellée moine, que l’on a bien essuyé & séché, s’il étoit humide, de peur que la claire ne s’y attache ; & si les coupelles sont grandes, & par conséquent faites sans moule, on comprimera la claire, en faisant rouler dans leur cavité une boule d’yvoire ou de bois pesant. Voyez Coupelle. (—) (b)

Claire, (sainte) Géog. mod. petite île de l’Amérique méridionale, dans la mer du Sud.

Claire, (sainte) Géog. mod. petite île d’Afrique, l’une des Canaries.

Claires ou Parcs aux huitres, (Pêche.) V. Huitres, & la fig. 3. Pl. III. de Pêche.

Claire-soudure, Claire-étoffe, voy. Soudure & Etoffe.