L’Encyclopédie/1re édition/CIGOGNE

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CIGOGNE, s. f. ciconia, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau dont les pattes, le cou, & le bec sont fort longs. La cigogne dont M. Perrault a donné la description dans le recueil de l’acad. royale des Sciences, avoit quatre piés de longueur depuis de bout du bec jusqu’à l’extrémité des piés. Celle du bec étoit de quatre trentiemes parties de celle de tout le corps ; les piés n’avoient que trois trentiemes, le cou cinq trentiemes, & les jambes onze depuis le ventre jusqu’à terre. Le cou étoit beaucoup plus gros par le bas que par le haut. Cet oiseau avoit cinq piés d’envergure. Le plumage étoit d’un blanc sale & un peu roussâtre presque par-tout le corps, & noir au bout des aîles. Il y avoit aussi des plumes noires, longues, & larges sur les deux côtés du dos & à la racine des aîles. Le cou étoit revêtu sur sa partie inférieure, jusqu’au tiers de sa longueur, par des plumes longues de six pouces, larges de dix lignes, & terminées en pointe. Elles étoient entourées à leur racine par un duvet très-blanc, dont chaque petite plume avoit un tuyau de la grosseur d’une petite épingle, qui se partageoit en cinquante ou soixante autres plus petits que des cheveux, dont chacun étoit encore garni des deux côtés de petites fibres presqu’imperceptibles. Cette cigogne n’avoit sur le haut de la véritable jambe que de petits filets de plumes fort rares. L’alentour des yeux étoit dégarni de plumes, on n’y voyoit qu’une peau fort noire. Cet oiseau avoit le bec droit, pointu, & d’un rouge pâle, tirant sur la couleur de chair. Le bas des veritables jambes étoit rouge, & avoit plus de quatre pouces de longueur ; la partie du pié, qui s’étend depuis le talon jusqu’aux doigts, étoit de couleur grise, & le reste des piés, & la jambe, de couleur rouge. Il avoit des écailles en forme de table sur les extrémités des doigts. Les trois de devant étoient joints ensemble à leur commencement par des peaux courtes & épaisses. Il avoit le doigt de derriere gros & court, les ongles blancs, larges, & courts à-peu-près comme ceux de l’homme. La cigogne se nourrit de lézards, de serpens, de grenouilles, & n’a point de ventricule comme les oiseaux de proie, mais seulement un gésier. Elle mange aussi des vers, des araignées, & d’autres insectes. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, tome III. troisieme partie. (I)

Cigogne noire, ciconia nigra, oiseau de la grosseur de la cigogne ordinaire, ou même un peu plus petit. Le cou, la tête, le dos, & les aîles, sont d’un noir luisant ou mêlé de vert ; le ventre, la poitrine & les côtés sont blancs ; le bec est vert ; les pattes sont de cette couleur, & dégarnies de plumes jusqu’à l’articulation du genou ; la membrane qui tient les doigts unis ensemble s’étend jusqu’à la moitié de la longueur du doigt du milieu, seulement du côté extérieur. Voyez Villughby, Ornith. Voyez Oiseau. (I)

Cigogne, (Matiere med.) Les parties de cet oiseau dont on se sert en Medecine sont, outre l’oiseau entier, la vésicule du fiel, le fiel, la graisse, la fiente & le jabot. Cet animal est un grand alexipharmaque, & passe pour un excellent remede contre toutes sortes de poisons, & sur-tout contre la peste ; on en use aussi dans les affections des nerfs & des jointures. Son fiel est recommandé dans les maladies des yeux ; sa graisse en liniment dans les affections goutteuses & le tremblement des articulations ; sa fiente prise dans de l’eau, dans l’épilepsie & dans les maladies de la tête ; son ventricule ou son jabot desseché & pulvérisé passe pour un spécifique admirable contre plusieurs poisons. Diction. de Med. Dale, Schroeder, &c. (b)