L’Encyclopédie/1re édition/CHANTELLE
CHANTELLE, s. f. (Jurisprud.) en quelques provinces est une taille personnelle dûe au seigneur par ses mortaillables à cause de leur servitude. Elle paroît avoir été ainsi nommée de chantel, qui signifie la même chose que lieu ou habitation, parce qu’elle se paye au seigneur par les serfs, pour la permission de demeurer dans sa seigneurie, & d’y posséder certains héritages ; par exemple, suivant une charte de l’an 1279, les habitans de Saint-Palais en Berri payent douze deniers à leur seigneur, de foco, loco, & chantello. Quilibet, est-il dit, per se tenens focum certum, & locum, vel chantellum, in dicta villa… duodecim denarios parisienses solvet tantummodo annuatim… On voit qu’en cet endroit locum & chantellum sont synonymes.
La coûtume de Bourbonnois, art. 192. & 203. fait mention d’un droit dû au seigneur par certains serfs, appellé les quatre deniers de chantelle. M. de Lauriere, en son glossaire du Droit François, au mot chantelle, estime que ces deniers sont ainsi appellés, parce qu’ils sont dûs par les serfs de la châtellenie de Chantelle. Il agite ensuite si cette châtellenie n’auroit point été ainsi nommée à cause que les serfs qui y demeurent payent au seigneur quatre deniers de foco, loco, & chantello, comme ceux de Saint-Palais en Berri ; mais il n’adopte pas cette opinion. Il ne paroît pas cependant que le droit de chantelle ait été ainsi nommé de la châtellenie de Chantelle, attendu qu’il se perçoit en bien d’autres endroits, ainsi que l’annonce la coûtume de Bourbonnois, qui porte qu’il y a plusieurs serfs audit pays, dont aucuns payent quatre deniers à cause de leur servitude, ce qui s’appelle les quatre deniers de chantelle ; & plus loin il est dit, que tous ceux qui doivent quatre deniers de taille, que l’on appelle les quatre deniers de chantelle, & tous leurs descendans, ainsi qu’ils se trouvent écrits au terrier ou papier du prévôt desdits quatre deniers de chantelle, sont tous serfs, & de serve condition, de poursuite, & de morte-main. (A)