L’Encyclopédie/1re édition/CATOPTROMANCIE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 780).

CATOPTROMANCIE, s. f. divination dans laquelle on se servoit d’un miroir pour y lire les évenemens à venir.

Ce mot est formé de κάτοπτρον, speculam, miroir, & de μαντεία, divination.

Il paroît par les anciens, qu’il y avoit diverses sortes de catoptromancie. Spartien rapporte de Didius Julianus, qui ayant succédé à Pertinax par la brigue des Prétoriens, de qui il acheta l’empire, ne régna que deux mois & cinq jours ; que dans toutes les occasions importantes il consultoit les magiciens ; & qu’une fois entr’autres, après des enchantemens & des sacrifices magiques, il usa de la divination où l’on se sert d’un miroir, qu’on présente, non pas devant les yeux, mais derriere la tête d’un enfant à qui l’on a bandé les yeux ; & l’on raconte, ajoûte-t-il, que l’enfant vit dans le miroir que Julien descendoit du throne, & que Severe y montoit.

Pausanias, dans ses Achaïques, parle d’une autre espece de catoptromancie. Il y avoit, dit-il, à Patras devant le temple de Cerès, une fontaine séparée du temple par une muraille ; & là étoit un oracle véridique, non pour tous les évenemens, mais seulement pour les maladies. Ceux qui en étoient attaqués & en péril, faisoient descendre dans la fontaine un miroir suspendu à un fil, ensorte qu’il ne touchât que par sa base la surface de l’eau. Après avoir prié la déesse & brûlé des parfums, ils se regardoient dans ce miroir ; & selon qu’ils se trouvoient le visage havre & défiguré, ou de l’embonpoint, ils en concluoient que la maladie étoit mortelle, ou qu’ils en réchapperoient.

On se servoit encore des verres & des miroirs pour connoître l’avenir, mais d’une autre maniere, qu’on nommoit gastromancie. Voyez Gastromancie. (G)