L’Encyclopédie/1re édition/CANCELLARIUS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 587).
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CANCELLARIUS, sub. m. (Hist. anc.) mot que quelques auteurs ont rendu en François par chancelier. C’étoit chez les Romains un officier subalterne, qui se tenoit dans un lieu fermé de grilles & de barreaux, cancelli, pour copier les sentences des juges & les autres actes judiciaires, à peu près comme nos greffiers ou commis du greffe. Ils étoient payés par rôles d’écritures, ainsi qu’il paroît par le fragment d’une loi des Lombards, cité par Saumaise. Il falloit que cet officier fût très-peu de chose, puisque Vopiscus rapporte que Numerien fit une élection honteuse, en confiant à un de ces greffiers le gouvernement de Rome. M. du Cange prétend que ce mot vient de la Palestine, où les toits étoient plats & faits en terrasse, avec des barricades ou balustrades grillées nommées cancelli ; que ceux qui montoient sur ces toits pour réciter quelque harangue s’appelloient cancellarii ; qu’on a depuis étendu ce titre à ceux qui plaidoient dans le barreau, nommés cancellarii forenses. Ménage a tiré du même mot l’étymologie de chancelier, cancellarius, à cancellis ; parce que, selon lui, quand l’empereur rendoit la justice, le chancelier étoit à la porte de la clôture ou des grilles qui séparoient le prince d’avec le peuple. (G)