L’Encyclopédie/1re édition/CALENDERS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 550).

CALENDERS, s. m. pl. (Hist. mod.) espece de derviches ou religieux Mahométans, répandus surtout dans la Perse & dans les Indes ; ainsi nommés du Santon Calenderi, leur fondateur. C’est une secte d’Epicuriens, qui s’adonne aux plaisirs au moins autant qu’aux exercices de sa religion, & qui usant de toutes les commodités de la vie, pense aussi-bien honorer Dieu par là que les autres sectes par leurs austérités : en général, ils sont habillés simplement d’une tunique de plusieurs pieces, piquée comme des matelats. Quelques-uns ne se couvrent que d’une peau d’animal velue, & portent au lieu de ceinture un serpent de cuivre, que leurs maîtres ou docteurs leur donnent quand ils font profession, & qu’on regarde comme une marque de leur science. On les appelle abdals ou abdallas, c’est-à-dire en Persan ou en Arabe, gens consacrés à Dieu. Leur occupation est de prêcher dans les marchés & les places publiques ; de mêler dans leurs discours des imprécations contre Aboubekre, Omar, & Osman, que les Turcs honorent, & de tourner en ridicule les personnages que les Tartares Usbegs reverent comme des saints. Ils vivent d’aumônes ; font le métier de charlatans, même celui de voleurs, & sont très-adonnés à toutes sortes de vices : on craint autant leur entrée dans les maisons, que leur rencontre sur les grands chemins ; & les magistrats les obligent de se retirer dans des especes de chapelles bâties exprès proche des mosquées. Les Calenders ressemblent beaucoup aux Santons des Turcs. Voyez Santon. (G)