L’Encyclopédie/1re édition/BASSE-TAILLE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 121).

Basse-taille, s. m. acteur de l’opéra ou d’un concert qui chante les rôles de basse-taille. Voy. Basse.

Ces rôles ont été les dominans ou en sous-ordre, dans les opéra, selon le plus ou le moins de goût que le public a montré pour les acteurs qui en ont été chargés.

La basse-taille étoit à la mode pendant tout le tems que Thevenard a resté au théatre : mais les compositeurs d’à present font leurs rôles les plus brillans pour la haute-contre.

Les rôles de Roland, d’Egée, d’Hidraot, d’Amadis de Grece, &c. sont des rôles de basse-taille.

On appelle Tancrede l’opéra des basse-tailles, parce qu’il n’y a point de rôles de haute-contre, & que ceux de Tancrede, d’Argant & d’Ismenor sont des rôles fort beaux de basse-taille.

Les Magiciens, les Tyrans, les Amans haïs sont pour l’ordinaire des basses-tailles ; les femmes semblent avoir décidé, on ne sait pourquoi, que la haute-contre doit être l’amant favorisé, elles disent que c’est la voix du cœur ; des sons mâles & forts allarment sans doute leur délicatesse. Le sentiment, cet être imaginaire dont on parle tant, qu’on veut placer par-tout, qu’on décompose sans cesse sans l’éprouver, sans le définir, sans le connoître, le sentiment a prononcé en faveur des hautes-contre. Lorsqu’une basse-taille nouvelle se sera mise en crédit, qu’il paroîtra un autre Thevenard, ce système s’écroulera de lui-même, & vraissemblablement on se servira encore du sentiment pour prouver que la haute-contre ne fut jamais la voix du cœur. V. Haute-contre. (B)