L’Encyclopédie/1re édition/BARDES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 75).
◄  BARDER

BARDES, s. m. pl. (Hist. anc.) ministres de la religion chez les anciens Gaulois, qui habitoient dans l’Auvergne & dans la Bourgogne, où ils avoient un collége. Leur profession étoit d’écrire en vers les actions immortelles des héros de leur nation, & de les chanter au son d’un instrument qui ressembloit assez à la lyre. Voici comme en parle Lucain :

Vos quoque qui fortes animas, belloque peremptas,
Laudibus in longum vates dimiltitis œvum,
Plurima securi fudistis carmina Bardi
.

Les Bardes & les Druides différoient en ce que ceux-ci étoient les prêtres & les docteurs de la nation, & que les Bardes n’étoient que poëtes ou chantres. Cependant l’autorité de ceux-ci, quoiqu’inférieure à celle des Druides, étoit si respectée des peuples, qu’on raconte qu’ils avoient fait quitter les armes à des partis prêts à se charger. Larrey, Pasquier & Bodin leur donnent le titre de prêtres & de philosophes ; & Cluvier y ajoûte celui d’orateurs, mais sans fondement. Strabon, plus voisin du tems auquel ont vécu les Bardes, compte trois sectes parmi les Gaulois ; les Druides, les Bardes, & les Evates. Les Bardes, ajoûte-t-il, sont chantres & poëtes ; les Evates, prêtres & philosophes ; & les Druides, à la philosophie naturelle, c’est-à-dire la Physique, ajoûtent la science des mœurs. Mais Hormius réduit ces sectes à deux classes, les Bardes & les Druides ; d’autres n’en font qu’un corps, sous le nom générique de Druides. Cluvier, fondé sur ce que Tacite traitant des mœurs des anciens Germains, fait mention de leurs chants & de leurs poëmes historiques, veut que ces peuples ayent eu aussi des poëtes nommés Bardes.

Bochart fait dériver ce nom de parat, chanter. Camden convient avec Festus que Barde signifie un chantre, en Celtique Bard : d’autres tirent ce nom de Bardus, ancien Druide, fils de Drys, le cinquieme roi des Celtes. (G)