L’Encyclopédie/1re édition/BAIGNOIRE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 15-16).
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BAIGNOIRE, s. f. est une cuve de cuivre rouge de quatre piés & demi de longueur, sur deux & demi de largeur, arrondie par ses angles, & qui a environ 26 pouces de hauteur, servant à prendre le bain. Ces baignoires sont étamées en-dedans pour empêcher le verd-de-gris, & sont souvent décorées en-dehors de peintures à l’huile relatives à leur usage. Pour plus de propreté & de commodité, l’on pose dans le dedans des linges piqués, des oreillers, &c. aux deux côtés de ces baignoires, dans lesquelles on se tient assis : à leurs extrémités supérieures, sont placés deux robinets à droite & à gauche, l’un pour distribuer de l’eau chaude amenée de l’étuve, l’autre de l’eau froide amenée du réservoir. Au fond de la baignoire est pratiquée une bonde que l’on leve pour faire écouler l’eau à mesure que l’on a besoin d’en remettre de la chaude, ou de la renouveller, selon le tems qu’on veut rester au bain. Cette bonde fermée contient l’eau, & lorsqu’elle est levée elle la précipite dans un tuyau de décharge, qui l’expulse dans les basses cours ou dans les puisards pratiqués exprès.

Ces baignoires sont ordinairement placées dans des niches qui prennent le plus souvent la forme d’un de leurs grands côtés, & sont couvertes d’un baldaquin ou impérial décoré de mousseline, toile de coton, toile peinte, ou perse, comme il s’en voit au château de S. Cloud, de Sceaux, &c.

Par économie ces baignoires se font quelquefois de bois, & se portent en ville chez les particuliers, lorsqu’ils sont obligés pendant l’hyver de prendre les bains, par indisposition ou autrement. (P)

M. Burette, dans les Mém. de l’Acad. des Belles-Lettres, remarque que dans les thermes des anciens il y avoit deux sortes de baignoires ; les unes fixes, & les autres mobiles ; & que parmi ces dernieres on en trouvoit de faites exprès pour être suspendues en l’air, & dans lesquelles on joignoit le plaisir de se baigner à celui d’être balancé, & comme bercé par le mouvement qu’on imprimoit à la baignoire. (G)

Les baignoires de cuivre sont l’ouvrage des chauderonniers ; les tonneliers font & relient celles de bois.

Baignoire, chez les Hongrieurs ; c’est ainsi qu’ils appellent la poelle dans laquelle ils font chauffer l’eau d’alun & le suif qu’ils employent dans l’apprêt de leurs cuirs. Voyez la vignette, Pl. de l’Hongrieur.