L’Encyclopédie/1re édition/AUGURIUM

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 876).
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AUGURIUM, science augurale ou des augures ; l’art de prédire l’avenir par le vol & le manger des oiseaux. Les Romains l’avoient reçûe des Toscans, chez lesquels ils avoient soin d’entretenir six jeunes Patriciens comme dans une espece d’académie, pour leur apprendre de bonne heure les principes & les secrets des augures. Les Toscans en attribuoient l’invention à Tagés, espece de demi-dieu trouvé par un laboureur sous une motte de terre. Suidas en fait honneur à Telegonus ; Pausanias, à Parnasus fils de Neptune ; d’autres la font descendre des Cariens, des Ciliciens, des Pisidiens, des Egyptiens, des Chaldéens & des Phéniciens, & prétendent même en donner une bonne preuve, en remarquant que ces peuples de tout tems se distinguoient des autres par leur attention particuliere à l’espece volatile ; ensorte que leur commerce fréquent avec ces animaux & le soin qu’ils prenoient de leur éducation, les mettoit à portée d’entendre mieux que d’autres ce que signifioient leurs cris, leurs mouvemens, leurs postures, & leurs différens ramages. Pythagore & Apollonius de Tyane se vantoient de comprendre le langage des oiseaux. Cette science s’appelle encore ornithomantie ou divination par les oiseaux.

Il paroît par les livres saints, que la science des augures étoit très-connue des Egyptiens & des autres Orientaux du tems de Moyse, & même avant lui : ce legislateur, dans le Lévitique, défend de consulter les augures ; & dans la Genese l’intendant de Joseph dit que la coupe qui fut trouvée dans le sac de Benjamin, étoit le vase dont son maître se servoit pour prendre les augures : non que ce patriarche donnât dans cette superstition ; mais l’Egyptien s’exprimoit suivant ses idées, pour rehausser le prix de la coupe. (G)