L’Encyclopédie/1re édition/ATTIQUE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 844-845).
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* ATTIQUE, (Géog. anc.) province de l’Achaïe, en Grece, entre la mer Egée, la Béotie, & le pays de Megare. Le peuple de l’Attique étoit divisé en dix tribus ; ces tribus occupoient une partie de la ville d’Athenes, & quelques bourgs, villages & villes. On y en ajoûta trois dans la suite ; & l’on démembra quelques portions des anciennes, pour former les nouvelles ; ce qui fait que certains bourgs, dans les anciens auteurs, sont attribués à différentes tribus. Le conseil des Prytanes étoit composé de cinquante personnes prises de chaque tribu. La tribu Erechthéïde étoit ainsi nommée d’Erectheus ; l’Egeïde, d’Egée ; la Pandionique, de Pandion ; la Leontide, de Leon, qui dévoua ses filles pour le salut de la patrie ; la Ptolomaïde, de Ptolomée, fils de Lagus ; l’Acamantide, d’Acamas, fils de Thésée ; l’Adrianique, d’Adrien ; l’Oenéïde, d’Oénée, fils de Pandion ; la Cécropide, du roi Cecrops ; l’Hyppothoontique, d’Hyppothoon, fils de Neptune ; l’Aiantide, ou l’Æantide, d’Ajax de Telamon ; l’Antiochide, d’Antiochus, fils d’Hercule ; l’Attalide, d’Attale, roi de Pergame. Ces treize tribus comprenoient 174 peuples ou communautés de noms différens.

Eirésides, Herme, Hephestia, Thorique, le Céramique de dehors, Cephale, Cicynna, Curtiades, Poros, Prospalta, Sphettos, Cholargos, appartenoient à l’Acamantide.

Marathon, Oené d’Aiantide, Ramne, Titacide, Tricorynthe, le Phalere, Psaphides, appartenoient à l’Aiantide ou Æantide.

Ægilie, Alopeque, Amphitropé, Anaphlyste, Atené, Besa, Thores, Itea, Crioa, Leccum, Leucopyra, Melenes, Pallené, Pentelé, Perrhides, Peleques, Semachides, Phryrn, appartenoient à l’Antiochide.

Agnus, Apollonia, Sunium, à l’Attalide.

Athmonon, Æxoné, Ales, Æxonines, Daedalides, Epieiquides, Melite, Xipeté, Pithos, Sypalette, Trinémeis, à la Cécropide.

Ales, Araphenides, Araphen, Baté, Gargette, Diomaea, Erechthia, Ericera, Icaria, Ionides, Collyte, Cydantides, Plothras, Philaedes, Chollides, à l’Egéide.

Agraulé, Anagyre, Euonymos, Themachos, Kedes, Cephysie, Lampra supérieure & inférieure, Pambotades, Pergasé, Sybrides, Phaegus, à l’Erechtéide.

Aphidne, Elousa, Oa, Adrianide, Phegaea, à l’Adrianide.

Azenia, Amaxanthea, Anacaea, Acherde, Decelaea, Elaeus, Eleusis, Troiades, Thimoitades, Keiriades, Coïlé, Corydallos, Oeum Deceleicum, Oenoé Hippothoontide, le Pirée, Spendale, à l’Hippothoontide.

Æthalides, Halime, Deirades, Ekalé, Eupyrides, Ketti, Cropia, Leuconium, Oeum Ceramicum, Paeonides, Potamos, Scambonides, Hybades, Phrearrhes, à la Leontide.

Acharne, Butades, Brauron, Epicephesia, Thria, Hippotamades, Laciades, Lucia, Oë, Perithoides, Ptelea, Tyrmides, Philé, à la Léontide.

Angelé, Cydathenaeum, Cytheron, Myrrhinus, Paeanie superieure & inférieure, Prasies, Probalynthe, Stirie, Phegaea, à la Pandionide.

Berenicides, Tyrgonides, Conthylé, Phlya, à la Ptolomaide.

Argilia, Harma, Achrade, Dryme, Edapteon, Enna, Echelides, Euchontheus, Zoster, Thebe, Thrion, Calé, le Ceramique de dedans, Cothocides, Colonos Hippios, Colonos Agoraios, Cynosarges, Larissa, Laurium, Lenaeum, Limnes, Miletum, Munichia, Panacte, Parnethe, Pnyx, Patrocleia, Sciron, Sporgilos, Hymette, Hysies, Phormisii, Phrittii, Chitone, Orope, sont des lieux dont on ignore les tribus.

Attique. Voyez Epoque, ou Ere attique.

Attique, Tribu attique. Voyez Tribu.

Attique, talent attique. Voyez Talent.

Attique, (en Architecture.) étage peu élevé qui sert à couronner & exhausser un bel étage, tel que celui qui se voit à Versailles du côté des Jardins : ou nomme cet étage supérieur attique, parce que sa proportion imite celle des bâtimens pratiqués à Athenes, qui étoient tenus d’une hauteur médiocre, & sur lesquels il ne paroissoit point de toits ; aussi faut-il se garder d’en faire paroître de trop élevés, qui sembleroient accabler cet étage ; & si dans un bâtiment de beaucoup de profondeur, on ne pouvoit se dispenser d’introduire des combles apparens, il faudroit se garer de pratiquer sous ces combles de pareils étages, malgré l’usage fréquent qu’on en fait dans nos bâtimens à la place des mansardes ; ce qui rend à la vérité les étages supérieurs beaucoup plus praticables.

Ces especes d’étages sont souvent décorés d’un ordre d’architecture qui n’a rien de commun avec la proportion des cinq especes d’ordonnances, toscane, dorique, ionique, corinthienne ; & composée : mais cependant il doit y avoir quelque rapport avec le genre d’architecture qui le reçoit ; c’est-à-dire, que chacun des cinq ordres a sa proportion particuliere, qui exprime le genre rustique, solide, moyen, délicat, & composé ; & que l’ordre attique, à lui seul, doit emprunter de chacun de ces ordres le caractere qui lui convient, selon qu’il est placé sur l’un d’eux, sans pour cela avoir plus de cinq diametres au moins, ou six diametres au plus, & se distinguer principalement par la richesse ou la simplicité, selon que l’exige la convenance du bâtiment.

La plûpart des architectes sont d’avis contraires sur la hauteur qu’on doit donner à cet ordre, par rapport à celui de dessous. Ce qu’ils ont trouvé de plus parfait dans les exemples antiques, n’a pû les accorder : les uns lui donnent les deux tiers de la hauteur de l’ordre qui les soûtient ; les autres ne lui en donnent que la moitié. Je suis de ce dernier avis, & conviens néanmoins que cette proportion peut varier de quelque chose, selon que l’édifice est plus ou moins élevé ; ce qui ne peut se déterminer qu’à la faveur des regles de l’optique, sans lesquelles on ne peut que tâtonner, risquer de faire des fautes monstrueuses, ou réussir par un heureux hasard.

Jamais il ne faut employer cet ordre en colonne, sa proportion raccourcie ne pouvant jamais faire un bon effet ; & quand il se trouve des colonnes dans l’ordonnance d’un bâtiment que l’on veut couronner d’un attique, il faut reculer ce dernier ordre à-plomb des pilastres de dessous, & couronner les colonnes de devant avec des figures, comme a Versailles, à S. Cloud, à Clagny, &c. Il faut savoir aussi que les croisées que l’on pratique dans ces étages doivent être quarrées, ou tout au plus que leur largeur doit être à leur hauteur, comme 4 est à 5, & sur-tout éviter de les faire barlongues, forme, consacrées aux soûpiraux. Voyez Abajour.

Les balustrades qui couronnent cet étage, doivent aussi se ressentir de sa proportion raccourcie, & avoir environ un cinquieme moins de hauteur que celles qui couronnent un ordre régulier.

On pratique souvent des attiques sans ordre & sans croisée : ils sont destinés à recevoir seulement des inscriptions au lieu de balustrades, tels qu’on voit ceux de la porte S. Denys, S. Martin, S. Bernard, & à la plûpart des fontaines publiques ; alors ces attiques prennent le nom de l’architecture qui les reçoit, & de la diversité des formes qui les composent ; ce qui fait appeller attique continu, celui qui entoure toutes les faces d’un bâtiment sans interruption ; attique circulaire, celui qui sert d’exhaussement à un dôme, à une coupole, à une lanterne, &c. attique interposé, celui qui est situé entre deux grands étages ; attique de comble, celui qui est construit de pierre ou de bois, revêtu de plomb, servant de parapet à une terrasse, plate-forme, &c. attique de cheminée, le revêtissement de marbre ou de menuiserie, depuis le dessus de la tablette, jusqu’environ la moitié de la hauteur du manteau ; ces derniers étoient fort usités dans le dernier siecle, avant l’usage des glaces : Versailles, Trianon, & Clagny, nous en fournissent des exemples, que l’on imite encore aujourd’hui dans les grandes pieces, où la dépense & la décoration des glaces seroient superflues. (P)