L’Encyclopédie/1re édition/ASCARIDES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 747-748).
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ASCARIDES, s. m. pl. ascarides, (Hist. nat. zool.) petits vers qui se trouvent dans l’homme & dans quelques animaux ; lumbrici minuti. Ils sont ronds & courts ; ce qui les fait distinguer des strongles, lumbrici teretes, qui sont ronds & longs, & du ver solitaire, qui est très long & plat, & que l’on nomme tænia, lumbricus latus vel fasciatus. Ces petits vers se meuvent continuellement : c’est pourquoi on leur a donné le nom d’ascarides : ils sont blancs, & pointus par les deux bouts ; ils ressemblent à des aiguilles, pour la grosseur & pour la longueur ; ils sont ordinairement dans l’extrémité du rectum, près de l’anus, en très-grand nombre, & collés les uns aux autres par une matiere visqueuse. Les enfans sont plus sujets à en avoir que les adultes. Il s’en trouve quelquefois dans les parties naturelles des femmes en certaines maladies, comme les pâles couleurs. Il y en a aussi dans les animaux, tels que les bêtes de somme.

On prétend que ces vers sont produits comme tous les autres vers qui se trouvent dans le corps humain & dans celui des animaux, par des œufs qui y entrent avec les alimens ou avec l’air. On croit même que ces œufs étant entrés dans le corps d’un animal, s’il sert de pature à un autre animal, les mêmes œufs passent dans le corps de celui-ci avec la chair du premier, & y éclosent. Ces opinions ne sont pas fondées sur des preuves suffisantes ; car on n’a jamais prouvé d’une maniere incontestable qu’il fallût toûjours une semence prolifique, un germe ou un œuf, pour produire un ver ou tout autre animal. Voyez Génération, Ver. (I)

* Pour les chasser, il faut les attaquer plûtôt par bas que par haut. Un suppositoire de coton trempé dans du fiel de bœuf, ou de l’aloès dissous, est un des meilleurs remedes. Si on se met dans le fondement un petit morceau de lard lié avec un bout de fil, & qu’on l’y laisse quelque tems, on le retirera plein de vers. Les clysteres de décoction de gentiane produiront aussi un très-bon effet. On peut joindre à la gentiane l’aristoloche, la chicorée, la tanaise, la persicaire, l’arroche, & en faire une décoction avec de l’eau ou du vin blanc, à laquelle on ajoûtera un peu de confection d’hiera.

On donnera aux enfans le clystere suivant : feuilles de mauve & de violette, de chaque une poignée ; de chou, une ou deux poignées ; de graine de coriandre & de fenouil, de chaque deux dragmes ; de fleurs de camomille & de petite centaurée, de chaque une petite poignée : faites une décoction du tout avec le lait : mettez fondre dans la colature une once de miel ou deux dragmes de confection d’hiera.

Hippocrate conseille de broyer la graine de l’agnuscastus avec un peu de fiel de bœuf, d’ajoûter un peu d’huile de cedre, & d’en faire un suppositoire avec de la laine grasse.