L’Encyclopédie/1re édition/ARPAGE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 701).
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ARPAGE, s. m. (Hist. anc.) ou plûtôt HARPAGE comme on le trouve écrit dans les anciennes inscriptions, signifie un enfant qui meurt au berceau, ou du moins dans sa plus tendre jeunesse. Ce mot est formé du Grec ἁρπάζω, rapio, je ravis. On le trouve rarement dans les Auteurs latins ; Grutter l’employe, p. 682. inscript. ix. dans l’épitaphe de Marc-Aurele, qui mourut à l’âge de 9 ans 2 mois & 13 jours : mais cette inscription fut trouvée dans les Gaules où l’on parloit le Grec corrompu.

Les Romains ne faisoient ni funérailles ni épitaphes aux harpages ; on ne brûloit point leur corps ; on ne leur érigeoit ni tombeaux ni monumens ; ce qui fait qu’on trouve dans Juvenal :

terra clauditur infans,
Et minor igne rogi.

Dans la suite on introduisit la coûtume de brûler les corps des enfans qui avoient vêcu 40 jours, & à qui il avoit poussé des dents : on appelloit aussi ceux-là ἁρπακτοί, rapti. Cet usage semble avoir été emprunté des Grecs, qui selon Eustathius ne brûloient les enfans ni la nuit, ni en plein jour, mais dès le matin ; & ils n’appelloient pas leur décès mort, mais d’un nom plus doux ἡμέρας ἁρπάγη, disant que ces enfans étoient ravis par l’aurore, qui jouissoit ou qui se privoit de leurs embrassemens. (G)