L’Encyclopédie/1re édition/ARITHMANCIE, ou ARITHMOMANCIE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 673).

ARITHMANCIE, ou ARITHMOMANCIE, s. f. divination ou maniere de connoitre & de prédire l’avenir par le moyen des nombres. Ce mot est formé du Grec ἀριθμός, nombre, & de μαντέια, divination. Delrio en distingue de deux sortes ; l’une en usage chez les Grecs, qui considéroient le nombre & la valeur des lettres dans les noms de deux combattans, par exemple, & en auguroient que celui dont le nom renfermoit un plus grand nombre de lettres, & d’une plus grande valeur que celles qui composoient le nom de son adversaire, remporteroit la victoire ; c’est pour cela disoient-ils, qu’Hector devoit être vaincu par Achille. L’autre espece étoit connue des Chaldéens, qui partageoient leur alphabet en trois décades, en répétant quelques lettres, changeoient en lettres numérales les lettres des noms de ceux qui les consultoient, & rapportoient chaque nombre à quelque planete, de laquelle ils tiroient des présages.

La cabale des Juifs modernes est une espece d’arithmancie, au moins la divisent-ils en deux parties, qu’ils appellent théomancie & arithmancie.

L’évangéliste S. Jean, dans le chap. xiij. de l’Apocalypse, marque le nom de l’Antechrist par le nombre 666. passage dont l’intelligence a beaucoup exercé les commentateurs. C’est une prophétie enveloppée sous des nombres mystérieux, qui n’autorise nullement l’espece de divination dont il s’agit dans cet article. Les Platoniciens & les Pythagoriciens étoient fort adonnés à l’arithmancie. Delrio, Disquisit. Magicar. lib. IV. cap. ij. quæst. 7. sect. 4. pag. 565. & 566. (G)