L’Encyclopédie/1re édition/ARGENTINE

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ARGENTINE, plante qui doit être rapportée au genre des pentaphylloides. V. Pentaphylloides. (I)

* Sa racine est noirâtre, astringente, tantôt simple, tantôt fibreuse. Ses feuilles sont conjuguées, semblables à celles de l’aigremoine, composées de plusieurs grands lobes, obtus & dentelés profondément vers les bords, entremêlés d’autres lobes plus petits. Ses feuilles sont vertes par-dessus, & garnies par-dessous de petits poils blancs argentins. Ses fleurs naissent seule à seule de l’aisselle des feuilles qui embrassent les petites tiges par leurs appendices. Elles sont portées sur de longs pédicules velus, & composées de cinq pétales jaunes. Leur calice est d’une seule piece divisée en cinq parties pointues, entre lesquelles il y en a cinq autres plus petites ; elles renferment plusieurs étamines garnies de leurs sommets de même couleur. Le pistil se change en une tête sphérique de trois lignes de diametre, couverte de plusieurs petites graines arrondies, jaunâtres, & semblables à celles du pavot. Elle est commune dans les lieux humides, le long des chemins, sur le bord des rivieres ; elle trace par des jets comme le fraisier. Sa racine, ses feuilles, & sa graine, sont d’usage en Medecine.

Distillée fraîche au bain-marie, elle donne un flegme limpide, insipide & sans odeur ; une liqueur limpide, obscurément acide, puis manifestement acide, enfin fort acide. Ce qui est resté dans l’alembic, distillé à la cornue, a donné une liqueur roussâtre, soit acide, soit austere, soit alkaline urineuse ; une liqueur rousse empyreumatique, urineuse, remplie de beaucoup de sel volatil urineux ; du sel volatil urineux concret, & de l’huile de la consistance du beurre. La masse noire restée dans la cornue, a donné, après une calcination de treize heures au feu de reverbere, des cendres noirâtres, dont on a tiré par la lixiviation du sel fixe alkali.

Toute la plante a un goût d’herbe un peu salé & styptique. Son suc rougit le papier bleu ; d’où il est clair qu’elle est composée d’un sel ammoniacal & un peu alumineux & vitriolique, uni avec une huile épaisse. Elle passe pour rafraîchissante, astringente, dessicative, repercussive, & fortifiante. On la met au rang des plantes vulnéraires, astringentes ; & en effet elle arrête toute sorte d’hémorrhagies. On la prescrit utilement dans le crachement de sang, dans les pertes de sang, & dans les hémorrhoïdes. On lui attribue encore la vertu de soulager dans la diarrhée & les flux de sang. Geoff. mat. méd.