L’Encyclopédie/1re édition/ARACHNOIDE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 571).
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ARACHNOIDE, s. f. en terme d’Anatomie, c’est une membrane fine, mince, transparente, qui regne entre la dure-mere & la pie-mere, & que l’on croit envelopper toute la substance du cerveau, la moelle allongée, la moelle de l’épine. Voyez Méninge & Cerveau.

Ce mot est dérivé du Grec ἀράχνη, une araignée, une toile d’araignée, & de εἶδος, forme ; eu égard à la finesse de la partie que l’on croit ressembler à une toile d’araignée. Elle fut décrite pour la premiere fois par Varole.

Plusieurs Anatomistes nient l’existence de cette troisieme méninge ou membrane ; & ils prétendent que l’on doit plûtôt la regarder comme la lame externe de la pie-mere, dont la lame interne s’insinue entre la circonvolution du cerveau. V. Pie-mere.

Arachnoïde se prend pareillement pour une tunique fine & déliée, qui enveloppe l’humeur crystalline. Voyez Crystallin.

Cette tunique est appellée par d’autres crystalloïde ou capsule du crystallin. Plusieurs ont même douté de son existence ; ce qui est d’autant plus extraordinaire que Galien en parle, & la compare à une pellicule d’oignon. Vésale la compare à de la corne fine & transparente. Il est aisé de la trouver dans les quadrupedes, particulierement dans le mouton, le bœuf, le cheval ; & quoiqu’il soit un peu plus difficile de la découvrir dans l’homme, néanmoins une personne qui l’a vûe une seule fois, pourra la trouver assez vîte.

Ce qu’il y a de surprenant, c’est que Briggs n’en dit pas un mot ; & qu’un aussi habile Anatomiste que Ruysch en a douté fort long-tems : ce ne fut qu’au moyen d’injections qu’il la découvrit, quoiqu’elle soit très-aisée à discerner dans un mouton, comme je l’ai déjà dit.

L’arachnoïde est adhérente par sa partie postérieure à la tunique vitrée. Dans l’homme elle est deux fois aussi épaisse qu’une toile d’araignée, au moins par sa partie antérieure. Dans un bœuf elle est encore aussi épaisse que dans l’homme ; & dans un cheval elle est plus épaisse que dans un bœuf.

Cette tunique a trois usages ; 1o. de retenir le crystallin dans le chaton de l’humeur vitrée, & d’empêcher qu’il ne change de situation ; 2o. de séparer le crystallin de l’humeur aqueuse, & d’empêcher qu’il n’en soit continuellement humecté ; 3o. les vaisseaux lymphatiques fournissent une liqueur qu’ils déposent dans sa cavité, par le moyen de laquelle le crystallin est continuellement rafraîchi, & tenu en bon état ; de sorte que quand cette liqueur manque, le crystallin se seche bientôt, devient dur & opaque, & peut même être réduit en poudre. Voyez Petit, Mem. de l’Acad. Roy. des Scienc. an. 1730. p. 622. & suiv. Voyez Ciliaire & Tunique. (L)