L’Encyclopédie/1re édition/APATHIE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 522).

APATHIE, s. f. composé d’ privatif, & de πάθος, passion, signifie, dans un sens moral, insensibilité ou privation de tout sentiment passionné ou trouble d’esprit. Voyez Passion.

Les Stoïciens affectoient une entiere apathie ; leur sage devoit joüir d’un calme, d’une tranquillité d’esprit que rien ne pût altérer, & n’être accessible à aucun sentiment soit de plaisir ou de peine. V. Stoicien, Plaisir, & Peine.

Dans les premiers siecles de l’Eglise les Chrétiens adoptoient le terme d’apathie, pour exprimer le mépris de tous les intérêts de ce monde, ou cet état de mortification que prescrit l’Evangile ; d’où vient que nous trouvons ce mot fréquemment employé dans les écrivains les plus pieux.

Clément d’Alexandrie, en particulier, le mit fort en vogue, dans la vûe d’attirer au Christianisme les Philosophes qui aspiroient à un degré de vertu si sublime.

Le Quiétisme n’est qu’une apathie masquée des apparences de la dévotion. Voyez Quiétisme. (X)