L’Encyclopédie/1re édition/ALEPH

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 254).
◄  ALEP
ALERIONS  ►

ALEPH, C’est le nom de la premiere lettre de l’alphabet Hébreu, d’où l’on a formé l’alpha des Syriens & des Grecs ; ce nom signifie Chef, Prince, ou mille. On trouve quelques Pseaumes & quelques autres ouvrages dans l’Ecriture, qui commencent par aleph, & dont les autres versets continuent par les lettres suivantes de l’alphabet. Il n’y a en cela aucun mystere ; mais ces pieces s’appellent acrostiches, parce que tous les vers qui les composent, commencent par une lettre de l’alphabet, selon l’ordre & l’arrangement qu’elles tiennent entre elles dans l’ordre grammatical. Ainsi dans le Pseaume Beati immaculati in viâ, les huit premiers vers commencent par aleph, les huit suivans par beth ; & ainsi des autres. Dans le Pseaume 110. Consitebor tibi, Domine, in toto corde meo, ce vers commence par aleph ; ce qui suit, in concilio justorum & congregatione, commence par beth, & ainsi de suite. Dans les Lamentations de Jérémie, il y a deux chapitres, dont la premiere strophe seulement commence par aleph, la seconde par beth ; & ainsi des autres. Le troisieme chapitre a trois versets de suite qui commencent par aleph ; puis trois autres qui commencent par beth, & les Hébreux ne connoissent point d’autres vers acrostiches que ceux-là. Voyez Acrostiche.

Les Juifs se servent aujourd’hui de leurs lettres, pour marquer les chifres : aleph, vaut un ; beth, deux ; ghimel, trois ; & ainsi des autres. Mais on ne voit pas qu’anciennement ces caracteres aient eu le même usage : pour le reste, on peut consulter les grammaires Hébraïques. On en a depuis peu imprimé une en François à Paris chez Colombat, en faveur de ceux qui n’entendent pas le Latin : pour les Latines, elles sont très-communes. On peut consulter ce que nous dirons ci-après, sous les articles de Langues Hébraiques, de Grammaire, de Points voyelles, de Lettres, &c. (G)