L’Empire romain après la Paix de l’Église

L’Empire romain après la Paix de l’Église
Revue des Deux Mondes2e série de la nouv. période, tome 9 (p. 177-190).

L'EMPIRE ROMAIN


APRES LA PAIX DE L'EGLISE


FRAGMENT D'UNE HISTOIRE DES MOINES D'OCCIDENT.




Le peuple romain, vainqueur de tous les peuples et maître du monde, asservi pendant trois siècles à une série de monstres ou de fous à peine interrompue par quelques princes supportables, offre dans l’histoire le prodige de rabaissement et de la déchéance de l’homme. Ce fut en revanche un prodige de la puissance et de la bonté de Dieu que la paix de l’église proclamée par Constantin en 312. L’empire, vaincu par une foule désarmée, rendait les armes au Galiléen. La persécution, après un paroxysme suprême et le plus cruel de tous, allait faire place à la protection. L’humanité respirait, et la vérité, scellée par le sang de tant de milliers de martyrs, après l’avoir été par le sang d’un Dieu fait homme, pouvait désormais prendre librement son vol victorieux jusqu’aux extrémités de la terre.

Et cependant il est un prodige plus grand encore : c’est la décadence rapide et permanente du monde romain après la paix de l’église. Oui, s’il n’est rien de plus abject dans les annales de la cruauté et de la corruption que l’empire romain depuis Auguste jusqu’à Dioclétien, il y a quelque chose de plus surprenant et de plus triste : c’est l’empire romain devenu chrétien.

Comment le christianisme, tiré des catacombes pour être placé sur le trône des césars, n’a-t-il pas suffi pour régénérer les âmes dans l’ordre temporel comme dans l’ordre spirituel, pour rendre à l’autorité son prestige, au citoyen sa dignité, à Rome sa grandeur, à l’Europe civilisée la force de se défendre et de vivre ? Comment la puissance impériale, réconciliée avec l’église, tomba-t-elle de plus en plus dans le mépris et dans l’impuissance ? Comment cette alliance mémorable du sacerdoce et de l’empire ne sut-elle empêcher ni la ruine de l’état ni la servitude et le déchirement de l’église ?

Jamais il n’y eut de révolution plus complète, car ce ne fut pas seulement son émancipation que célébra l’église en voyant Constantin prendre le labarum pour étendard, ce fut encore une alliance intime et complète entre la croix et le sceptre impérial. La religion chrétienne cessait à peine d’être proscrite, que déjà elle devenait protégée, puis dominante. Le successeur de Néron et de Dèce allait siéger au premier concile général, et recevoir le titre de défenseur des saints canons. Comme on l’a dit, la république romaine et la république chrétienne joignaient leurs mains dans celles de Constantin[1]. Seul chef, seul juge, seul législateur de l’univers, il consentait à prendre des évêques pour conseillers et à donner force de loi à leurs décrets.

Le monde avait un monarque : ce monarque était absolu ; nul ne songeait à discuter ni à contenir son pouvoir, que l’église bénissait, et qui se glorifiait de la protéger. Cet idéal, si cher à beaucoup d’esprits, d’un homme devant qui tous les hommes se prosternent, et qui, maître de tous ces esclaves, se prosterne à son tour devant Dieu, on le vit alors réalisé. Cela se vit deux ou trois siècles, durant lesquels tout s’abîma dans l’empire, et l’église ne connut jamais d’époque où elle fut plus tourmentée, plus agitée et plus compromise.

Pendant que Rome impériale s’ensevelissait dans la fange, l’église avait vécu de la plus grande et de la plus noble existence, non pas, comme on se le figure trop, uniquement cachée au fond des catacombes, mais luttant héroïquement et au grand jour par les supplices et par les argumens, par l’éloquence et par le courage, par ses conciles[2] et ses écoles, par ses martyrs d’abord et surtout, mais aussi par ces grands apologistes qui se nommèrent saint Irénée, saint Justin, saint Cyprien, saint Clément d’Alexandrie, Tertullien, Origène, Eusèbe, Lactance, et qui surent rajeunir, en la purifiant, l’éloquence grecque et latine. La guerre lui avait si bien réussi, que, lorsqu’on lui offrit la paix, elle remplissait déjà toute la terre.

Mais après avoir si glorieusement traversé une bataille de trois siècles, comment va-t-elle s’y prendre pour résister à la victoire ? comment maintenir son triomphe à la hauteur de ces luttes ? comment ne pas succomber comme succombent les vainqueurs d’ici-bas, par l’orgueil et l’enivrement du succès ? À la vigilante et féconde éducation du combat, aux saintes joies de la persécution, à la dignité du danger permanent et avoué, il faudra substituer une conduite toute nouvelle et sur un terrain tout autrement difficile. Associée désormais à ce même pouvoir impérial qui avait en vain essayé de l’anéantir, elle va devenir en quelque sorte responsable d’une société énervée par trois siècles de servitude et gangrenée par tous les raffinemens de la corruption. Il ne lui suffit pas de dominer l’ancien monde, il faut encore qu’elle le transforme et qu’elle le remplace.

C’était une tâche formidable, mais qui ne devait pas être au-dessus de ses forces. Dieu choisit ce moment pour envoyer à son église une nuée de saints, de pontifes, de docteurs, d’orateurs, d’écrivains. Ils formèrent cette constellation de génies chrétiens, qui, sous le nom de pères de l’église, a conquis la première place dans la vénération des siècles, et forcé jusqu’au respect des plus sceptiques. Ils inondèrent l’Orient et l’Occident des clartés du vrai et du beau ; ils prodiguèrent au service de la vérité une ardeur, une éloquence, une science que rien ne surpassera jamais. Cent ans après la paix de l’église, ils avaient couvert le monde de bonnes œuvres et de beaux écrits, créé des asiles pour toutes les douleurs, une tutelle pour toutes les faiblesses, un patrimoine pour toutes les misères, des leçons et des exemples pour toutes les vérités et toutes les vertus. Et cependant ils n’avaient pas réussi à créer une société nouvelle, à transformer le monde païen. De leur propre aveu, ils restèrent en-deçà de leur tâche. Ce long cri de douleur qui se prolonge à travers toutes les pages que nous ont léguées les saints et les écrivains chrétiens, éclate tout d’abord avec une intensité qui n’a jamais été dépassée dans la suite des temps. Ils se sentent débordés et comme engloutis par la corruption païenne. Écoutez Jérôme, Chrysostôme, Augustin, Salvien, écoutez-les tous ! Ils voient avec désespoir la majorité des chrétiens se précipiter dans les voluptés du paganisme. Le goût effréné des spectacles qui ne s’arrête pas devant le sang des gladiateurs, toutes les honteuses frivolités, tous les excès, toutes les prostitutions de la Rome persécutrice viennent assaillir les nouveaux convertis et subjuguer les fils des martyrs. Encore un peu, et un nouveau Juvénal pourra chanter la défaite de ceux qui avaient reconquis le monde pour Dieu et la vengeance exercée par le génie du mal sur ses vainqueurs :

Victumque ulciscitur orbem.

Mais bien plus encore que dans la vie domestique et privée, le paganisme conservait et reprenait son empire par la nature et l’action du pouvoir temporel en présence de l’église. Là n’apparaissait aucun symptôme de la transformation que la notion et l’exercice du pouvoir devaient un jour subir au sein des nations chrétiennes. Constantin et ses successeurs furent baptisés ; l’empire, la puissance impériale, ne le fut point. La main qui ouvrait aux chrétiens la porte du pouvoir et de la faveur fut celle-là même qui leur dressa des embûches, où toute autre église que l’immortelle épouse du Christ eût péri sans retour et sans honneur. Ces empereurs aspirèrent à devenir les maîtres et les oracles de la religion, dont ils ne pouvaient être que les enfans, ou tout au plus les ministres. À peine lui eurent-ils reconnu le droit de vivre, qu’ils se crurent investis du droit de la gouverner. Ces baptisés de la veille entendirent être les pontifes et les docteurs du lendemain. N’y pouvant réussir, ils recommencèrent à la persécuter pour le compte d’Arius, comme leurs prédécesseurs l’avaient fait pour le compte de Jupiter et de Vénus. Constantin lui-même, le libérateur de l’église, le président laïque du concile de Nicée, se lassa bientôt de la liberté et de l’autorité croissante de ces nouveaux affranchis. Gagné par les courtisans ecclésiastiques qui entouraient déjà son tronc, il exila saint Athanase, le plus noble et le plus pur des chrétiens. Ce fut bien pis sous ses successeurs. Écoutons Bossuet : « l’empereur Constance se mit à la tête des Ariens, et persécuta si cruellement les catholiques,… que cette persécution était regardée comme plus cruelle que celle des Déces et des Maximiens, et en un mot comme les préludes de celle de l’antéchrist… Valens, empereur d’Orient, arien comme Constance, fut encore un plus violent persécuteur, et c’est de lui qu’on écrit qu’il parut s’adoucir lorsqu’il changea en bannissement la peine de mort[3]… »

Il fallait que l’épreuve fût cruelle, car ce que l’on n’avait jamais vu jusque-là, ce que l’on n’a presque jamais vu depuis, on le vit alors : un pape faiblit. Libère, selon l’opinion commune, cède après une noble résistance aux tourmens de l’exil ; il sacrifie, non la vraie doctrine, mais le défenseur intrépide de la vérité, Athanase. Il se relève, il n’engage en rien l’indéfectible autorité de son siège, il ne compromet que la renommée de ses persécuteurs[4] ; mais à son nom on voit comme une ombre et comme un nuage passer devant cette colonne de lumière qui guide le regard de tout catholique lorsqu’il plonge dans les profondeurs de l’histoire.

Les violences, les exils, les massacres recommencent au Ve siècle, et se prolongent de génération en génération. Tout hérésiarque trouve sur le trône impérial un auxiliaire : après Arius, Nestorius ; après Nestorius, Eutychès, et l’on marche ainsi de persécution en persécution à la sanglante oppression des empereurs iconoclastes, après laquelle il n’y eut plus que le schisme suprême qui sépara pour toujours l’Occident affranchi et orthodoxe de l’Orient prosterné sous le double joug de l’erreur et de la force.

Mais que de maux et que d’amertumes pendant ces longs et sombres siècles et avant cette rupture finale ! Ce n’étaient plus des païens, c’étaient des chrétiens qui persécutaient le christianisme. Ce n’était plus du sein d’un prétoire ou d’un cirque que les empereurs, personnification de l’antique et implacable Rome, envoyaient les chrétiens aux bêtes ; c’était au sein des conciles et au nom d’une orthodoxie de contrebande qu’ils délibéraient leurs arrêts, marqués au triple coin de la chicane, de l’astuce et de la cruauté. Avant d’en venir aux exils et aux supplices, ils torturaient les consciences et les intelligences par des formulaires et des définitions. Les plus beaux génies et les plus nobles caractères de cette époque si féconde en grands hommes se consumaient en vain à raisonner avec ces casuistes couronnés, qui dogmatisaient au lieu de régner, qui sacrifiaient dans de misérables querelles et la majesté de l’église et la sécurité de l’état. L’exil devait sembler un soulagement à ces saints confesseurs, condamnés à discuter respectueusement avec de tels antagonistes. Pendant que l’empire s’écroulait et que les nations vengeresses entraient de tous côtés par la brèche, ces pitoyables autocrates, maîtres d’un clergé qui le disputait en servilité aux eunuques du palais, écrivaient des livres de théologie, dressaient des formulaires, inventaient et condamnaient des hérésies dans des confessions de foi elles-mêmes hérétiques[5]. Et comme si ce n’était pas assez de ces théologiens couronnés, il fallait encore endurer les impératrices qui se mêlaient à leur tour de gouverner les consciences, de définir les dogmes et de réduire les évêques. On vit un Ambroise aux prises avec une Justine et un Chrysostôme victime des folies d’une Eudoxie. Rien ne devait être trop insensé ni trop bas pour ce misérable régime.

On citera Théodose ; mais cette pénitence célèbre, qui fait tant d’honneur au grand Théodose et à saint Ambroise, quelle sanglante lumière ne projette-t-elle pas sur l’état de cet empire prétendu chrétien ! Quelle société que celle où le massacre de toute une ville pouvait être ordonné de sang-froid pour venger l’injure faite à une statue ! quel récit que celui des tourmens et des supplices infligés aux habitans d’Antioche avant que l’intervention de l’évêque Flavien n’eût apaisé le courroux impérial ! L’horreur d’un pareil régime, s’il eût duré, eût à jamais souillé le christianisme, dont il affectait de se parer. Et d’ailleurs pour un Théodose que de Valens, que d’Honorius, et que de Copronymes ! L’effroyable tentation de l’omnipotence tournait toutes ces pauvres têtes. Les princes chrétiens n’y résistaient pas plus que les païens. À des monstres de cruauté et de luxure, tels que les Héliogabale et les Maximien, succédaient des prodiges d’imbécillité et d’inconséquence.

Ce qu’il dut y avoir de plus amer pour l’église, c’était la prétention qu’avaient ces tristes maîtres du monde de faire d’elle leur obligée. Il lui fallait payer bien cher la rançon de l’appui matériel que lui prodiguait cette puissance impériale, qui la protégeait sans l’honorer, sans même la comprendre. Chaque décret rendu pour favoriser le christianisme, pour fermer les temples, pour interdire les sacrifices de l’ancien culte, pour consumer ou extirper les derniers restes du paganisme, était accompagné ou suivi de quelque acte destiné à trancher des questions de dogme, de discipline, de gouvernement ecclésiastique. Une loi de Théodose II prononçait en 428 la peine des travaux forcés dans les mines contre les hérétiques, et il était lui-même eutychien. Ainsi l’hérésie, se croyant assez orthodoxe pour proscrire tout ce qui ne pensait pas comme elle, montait sur le trône, où l’attendait l’omnipotence. Le même empereur et son collègue Valentinien III décrétèrent la peine de mort contre l’idolâtrie ; mais l’idolâtrie régnait dans leur propre cœur et tout autour d’eux. Tout le cérémonial de leur cour, tous les actes de leur gouvernement sont imprégnés de la tradition du prince-dieu[6]. Les plus pieux, le grand Théodose lui-même, parlent sans cesse de leurs sacrés palais, de leur maison divine. Ils permettent à tel fonctionnaire de venir adorer leur éternité. Ce même Valentinien qui punissait de mort les idolâtres essaya un jour d’appeler aux armes les Romains contre une invasion de Vandales, et fit déclarer que sa proclamation était signée de la main divine, voulant parler de la sienne[7].

Ainsi la divinité du prince, cette invention des césars qui avait mis le sceau à la dégradation de Rome et placé la servitude sous la sanction de l’idolâtrie, cette hideuse chimère qui avait été le principal prétexte de la persécution et qui avait bu le sang de tant de victimes humaines, elle durait encore un siècle après la paix de l’église. On ne sacrifiait plus aux césars après leur mort, mais pendant leur vie on les proclamait divins et éternels. Ce n’était qu’un mot, mais un mot qui peignait la lâcheté des âmes et l’asservissement encore flagrant de l’idée chrétienne.

L’église a traversé bien des épreuves, elle a été maintes fois persécutée, maintes fois compromise, trahie ou souillée par d’indignes ministres ; je ne sais cependant si jamais elle a vu de plus près le précipice où Dieu lui a promis qu’elle ne tombera jamais ; je ne sais si jamais elle a enduré un sort plus triste que sous cette longue série de monarques qui se croyaient ses bienfaiteurs, ses protecteurs, et qui lui refusaient à la fois la liberté, la paix et l’honneur.

Si telles étaient les misères de l’église, encore si jeune et si proche de son sanglant berceau, que devaient être celles de l’état, de la société laïque ? Le paganisme était tout entier debout, ainsi que l’a démontré l’un des plus excellens historiens de notre siècle : « La société civile semblait chrétienne comme la société religieuse ; les souverains, les peuples avaient en immense majorité embrassé le christianisme ; mais au fond la société civile était païenne ; elle tenait du paganisme ses institutions, ses lois, ses mœurs. C’était la société que ce paganisme avait faite, et nullement celle du christianisme[8]. »

Et ce paganisme, qu’on ne l’oublie pas, c’est le paganisme dans sa forme la plus dégénérée. On en était encore au point où la politique des hommes d’état consistait, selon Tacite, à supporter des empereurs quelconques.[9] Toute la grandeur romaine n’avait abouti, selon la forte expression de Montesquieu, qu’à assouvir le bonheur de cinq ou six monstres. Après Constantin, les souverains valent mieux que ces monstres ; mais les institutions valent de moins en moins. Cent vingt millions d’hommes n’ont encore pour tout droit que celui d’appartenir à un seul homme, au maître de rencontre qu’un caprice de l’armée ou une intrigue de cour appelle à l’empire. Le despotisme en vieillissant devient à la fois plus faible et plus vexatoire. Il pèse sur tous et ne protège personne. Depuis la conversion de Constantin comme avant lui, chaque règne resserre la trame de cette fiscalité savante qui finit par ruiner le travail et la propriété dans le monde romain. À l’aide de la jurisprudence, elle érige l’empereur, comme représentant unique du peuple souverain, en propriétaire suprême de tous les biens de l’empire. L’impôt vient absorber ce que la délation et la confiscation n’ont pas encore épuisé dans le patrimoine des hommes libres. Le propriétaire, le citoyen n’est plus qu’un débiteur public, et on le traite avec toute la barbarie des vieux Romains contre leurs débiteurs : on le jette en prison, on le flagelle, on flagelle sa femme, on vend ses enfans[10].

Le système administratif fondé par Dioclétien, aggravé par les empereurs chrétiens, achevé par Justinien, devient le fléau du monde. L’aristocratie, première victime du despotisme, privée à la fois de tout pouvoir et de toute indépendance, remplacée partout par l’administration, est ensevelie sous des titres pompeusement ridicules, qui ne cachent à personne son néant. La bourgeoisie des villes, rendue responsable de l’impôt et condamnée aux magistratures comme aux galères, subit sous le nom de curiales une oppression savamment organisée et impitoyablement appliquée. Une loi des deux fils de Théodose punit de la confiscation des biens l’impiété du malheureux propriétaire qui sortait de ces villes, transformées en bagues, pour se réfugier à la campagne[11].

Le peuple des campagnes, épuisé par les abominables exactions du fisc, sans protection et sans encouragement, se dégoûte de l’agriculture, fuit dans les bois ou chez les Barbares, ou se révolte pour être égorgé. Bossuet résume la situation en deux mots : tout périt en Orient ; tout l’Occident est à l’abandon[12]. Le travail se retire, le sol reste inculte, la population décline ; l’impuissance, la décadence et la mort sont partout. Les provinces, envahies et dévastées à l’envi par les Barbares et par les officiers impériaux, n’ont pas même conservé assez d’énergie pour secouer le joug : l’univers se meurt à Rome, disent les seigneurs gaulois à l’empereur Avitus[13], et Rome elle-même semble condamnée à mourir, abandonnée par les empereurs et saccagée par les Goths. Il ne lui reste rien de ces beaux jours où la liberté romaine et sa majesté civique projetaient sur la nature humaine une lumière dont le souvenir est, grâce à Dieu, inextinguible.

Rien n’a jamais égalé l’abjection de ces Romains de l’empire. Libres, ils avaient conquis et gouverné le monde ; esclaves ils ne savent plus même se défendre. Ils ont beau changer de maître, s’en donner deux, puis quatre, dédoubler le despotisme de toutes les façons. Rien n’y fait. Avec l’antique liberté toute vertu, toute virilité a disparu. Il ne reste qu’une société de fonctionnaires sans sève, sans honneur et sans droits.

Je ne dis rien de la décadence des arts, de la bassesse des lettres, du néant des sciences. La misère des âmes est plus grande mille fois que la misère matérielle. Tout est énervé, étiolé, décrépit. Pas un grand homme, pas un grand caractère ne surgit dans cette fange. Des eunuques et des sophistes de cour gouvernent l’état sans contrôle et n’essuient quelque résistance que dans l’église. Après Théodose, il fallut qu’une femme vraiment chrétienne, une sainte Pulchérie, vint s’asseoir quelques momens sur le trône de Constantin pour le faire respecter ! S’il s’élève de temps en temps un capitaine, un homme de cœur et de talent, il faut qu’il succombe comme Stilicon, comme Aétius, comme Bélisaire, sous la jalousie homicide du maître, qui ne peut supporter ni une force ni un nom à côté de sa toute-puissance. Pendant qu’ils vivent, leur renommée est un titre de proscription, et leur mort même ne suffit pas pour la faire resplendir. Il semble que l’air infect qu’ils ont respiré ait déteint sur leur gloire : elle demeure sans éclat et sans prestige dans l’histoire.

Dans ces temps désastreux, pour découvrir quelque trace de cette grandeur et de cette force qui sont l’apanage légitime de la plus noble créature de Dieu, il fallait se retourner vers l’église. Là seulement, dans les divers ordres de la hiérarchie ecclésiastique et malgré le joug des empereurs théologiens, on pouvait vivre, lutter, briller même.

Grands et petits, les derniers rejetons des patriciens de Rome, les vieilles races des pays conquis, les plébéiens de toutes les provinces, décorés en masse du titre de citoyen romain depuis que ce titre avait perdu toute valeur, tous pouvaient redemander à la cité de Dieu leur dignité perdue, leur liberté confisquée. L’église seule offrait à ce qu’il leur restait d’énergie, d’activité, d’intelligence et de dévouement, un aliment suffisant, car elle les conviait tous à une inépuisable série de sacrifices et de victoires. La gloire, la vertu, le courage, la liberté, tout ce qui honore la vie, même au point de vue humain, ne se retrouvaient donc plus que dans l’église, au sein de ces grandes controverses, de ces luttes incessantes pour le salut des âmes et le triomphe de la vérité, où elle avait toujours de son côté le droit, le génie et la raison, sans que tout cela suffît pour lui faire gagner ses procès devant le trône de ses protecteurs.

Mais Dieu, à côté de la société spirituelle instituée et réglée par lui-même, a créé la société temporelle, et si là comme partout il se réserve la secrète conduite des événemens et le soin de frapper les grands coups de son infaillible justice, il en a livré le gouvernement habituel à la libre et intelligente activité de l’homme. Retrancher la vie, ou tout ce qui fait le prix de la vie, à cette société temporelle, la réduire à la stagnation, à la servitude, à l’indifférence, à la misère morale, pour ne reconnaître qu’à la société spirituelle le droit de vivre et de grandir, et qu’à la seule controverse religieuse le soin de passionner les âmes, c’est pousser l’humanité aux abîmes. Cela s’est vu plus d’une fois dans l’histoire, comme aussi on a vu l’excès contraire ; mais un tel état de choses répugne aux lois de la création. Il n’est conforme ni aux vues de Dieu, ni à l’intérêt de l’église, de condamner la société civile au néant. L’homme a d’autres droits que celui de choisir entre le sacerdoce et la servitude. Il n’est rien qui approche plus du ciel qu’un monastère habité par des religieux librement détachés de la terre ; mais transformer le monde en un cloître peuplé de moines involontaires, ce serait contrefaire et devancer l’enfer. Dieu n’a jamais fait de l’asservissement et de la dégradation du monde la condition de la liberté de son église. Heureusement d’autres temps viendront où à côté de l’église triomphante, libre, féconde, surgira une société ardente et humble dans sa foi, mais en outre énergique, belliqueuse, généreuse et virile jusque dans ses écarts ; où l’autorité sera à la fois sanctifiée et contenue, la liberté ennoblie par le sacrifice et par la charité ; où les héros coudoieront les saints, où les cloîtres, plus peuplés que jamais, ne seront pas le seul asile des âmes droites et fières ; où beaucoup d’hommes, non pas tous, mais beaucoup, retrouveront la pleine possession d’eux-mêmes ; où les souverains auront à compter avec leurs peuples, les forts avec les faibles, et tous avec Dieu.

Au IVe et au Ve siècle, on ne voyait pas même poindre l’aurore de cette rénovation nécessaire. Tout le vieux monde impérial était encore debout. Le christianisme avait accepté cette abjection comme il accepte tout, avec la confiance surnaturelle d’y aider le bien, et d’y réduire le mal. Cependant, malgré sa force et son origine divine, malgré l’humble et zélé dévouement des pères et des pontifes à la majesté décrépite des césars, malgré ses hommes de génie et ses saints, le christianisme ne réussissait pas à transformer la vieille société. Eût-il réussi à s’en emparer, avec les élémens qui la constituaient alors, il n’en aurait pu faire qu’une sorte de Chine chrétienne ; Dieu lui épargna cet avortement ; mais dans ce qui s’est passé alors il nous reste l’exemple à jamais mémorable de l’impuissance du génie et de la sainteté à l’encontre de la corruption qu’engendre le despotisme.

Le vieux monde était donc à l’agonie. L’empire s’effondrait lentement dans la honte et le mépris, atteint de cette triste faiblesse qui n’inspire pas même la pitié. Tout se précipitait dans une incurable décadence. Tels étaient les résultats de l’empire romain deux siècles après qu’il fut devenu chrétien. Dans l’ordre spirituel, il s’acheminait au schisme qui, sous les césars de Byzance, devait arracher à l’unité et à la vérité plus de la moitié du monde converti par les apôtres. Dans l’ordre temporel, il aboutissait à ce misérable régime du Bas-Empire, le seul dont il suffit de prononcer le nom pour en faire une injure.

Pour que l’église pût sauver la société, il fallait dans la société un nouvel élément et dans l’église une force nouvelle. Il fallait deux invasions : celle des Barbares au nord, celle des moines au midi.

Ils paraissent : les Barbares d’abord. Les voilà aux prises avec ces Romains énervés par la servitude, avec ces empereurs impuissans au sein de leur omnipotence. D’abord victimes obscures et prisonniers dédaignés des premiers césars, puis auxiliaires tour à tour recherchés et redoutés, puis adversaires irrésistibles, enfin vainqueurs et maîtres de l’empire humilié, ils arrivent, non comme un torrent qui passe, mais comme une marée qui avance, recule, revient et demeure maîtresse du sol envahi. Eux aussi avancent, se retirent, reviennent, restent et triomphent. Ceux qui auraient envie de s’arrêter et de s’entendre avec les Romains effrayés sont à leur tour poussés, dépassés, surmontés par le flot qui les suit. Les voici ! Ils descendent la vallée du Danube qui les met sur le chemin de Byzance et de l’Asie-Mineure. Ils remontent ses affluens et arrivent ainsi aux sommets des Alpes, d’où ils fondent sur l’Italie. Ils traversent le Rhin, franchissent les Vosges, les Cévennes, les Pyrénées, inondent la Gaule et l’Espagne. Le n’est pas un seul peuple, comme le peuple romain, ce sont cent races diverses et indépendantes. Ce n’est pas l’armée d’un conquérant, comme Alexandre et César, ce sont cent rois inconnus, mais intrépides, ayant des soldats et non des sujets, comptables de leur autorité devant leurs prêtres et leurs guerriers, et obligés de se faire pardonner leur pouvoir à force de persévérance et d’audace. Ils obéissent tous à un irrésistible instinct, et ils portent dans leurs flancs les destinées et les institutions de la chrétienté future.

Instrumens visibles de la justice divine, ils viennent à leur insu venger les peuples opprimés et les martyrs égorgés. Ils détruiront, mais ce sera pour remplacer ce qu’ils auront détruit, et d’ailleurs ils ne tueront rien de ce qui méritait de vivre, ou de ce qui avait encore des conditions de vie. Ils verseront le sang par torrens, mais ils rajeuniront par leur propre sang la sève épuisée de l’Europe. Ils apportent avec eux le fer et le feu, mais aussi la force et la vie. À travers mille forfaits et mille maux, ils font apparaître deux choses que la société romaine ne connaissait plus, la dignité de l’homme et le respect de la femme. C’étaient plutôt chez eux des instincts que des principes ; mais, quand ces instincts auront été fécondés et purifiés par le christianisme, il en sortira la chevalerie et la royauté catholique. Il en sortira surtout un sentiment inconnu dans l’empire romain, peut-être même étranger aux plus illustres païens, et toujours incompatible avec le despotisme, le sentiment de l’honneur ; « ce ressort secret et profond de la société moderne et qui n’est autre chose que l’indépendance et l’inviolabilité de la conscience humaine, supérieure à tous les pouvoirs, à toutes les tyrannies, à toutes les forces du dehors[14]. »

Ils apportent en outre la liberté, non pas certes la liberté telle que nous l’avons conçue et possédée depuis, mais les germes et les conditions de toute liberté, c’est-à-dire l’esprit de résistance à tout pouvoir excessif ; une impatience virile, du joug ; la conscience profonde du droit personnel, de la valeur individuelle de chaque âme devant les autres hommes comme devant Dieu.

La liberté et l’honneur ! Voilà ce qui manquait à Rome et au monde depuis Auguste, voilà ce que nous devons à nos ancêtres les Barbares.

Au point de vue purement religieux, plus d’un grand cœur parmi les chrétiens sut reconnaître tout d’abord les caractères mystérieux dont Dieu avait marqué ces races qui ne semblaient issues que de sa colère. Ils les proclamèrent avec une confiance que n’ébranlaient pas les fureurs de l’ouragan qu’il fallait traverser, et qui dura deux siècles. Au milieu des angoisses et des calamités de la première invasion des Goths, saint Augustin signalait la merveilleuse abstention des soldats d’Alaric devant les tombeaux des martyrs, il va même jusqu’à parler de la miséricorde et de l’humanité de ces terribles vainqueurs[15]. Salvien n’hésite pas à dire que les Barbares même hérétiques valaient mieux par leur vie que les Romains même orthodoxes. « Leur pudeur, dit-il aussi, purifie la terre encore souillée des débauches romaines. » Paul Orose, disciple de saint Augustin, les compare à Alexandre et aux Romains du temps de la république, et il ajoute : « les Germains bouleversent maintenant la terre, mais si (ce qu’à Dieu ne plaise) ils finissaient par en devenir maîtres et la gouverner selon leurs mœurs, peut-être un jour la postérité saluera-t-elle du titre de grands rois ceux en qui nous ne savons voir que des ennemis. »

N’exagérons rien pourtant et ne devançons pas la vérité. Ces grandes conquêtes de l’avenir n’existaient qu’en germe au sein de la fermentation de ces masses confuses et bouillonnantes. Au premier aspect, c’est la cruauté, la violence, l’amour du sang et de la dévastation qui semble les animer, et comme chez tous les sauvages, les explosions de la nature brutale s’allient aux raffinemens de la ruse. Ces hommes indomptés, qui savaient si bien revendiquer la dignité humaine contre leurs souverains, la respectaient si peu, qu’ils égorgeaient des populations entières comme par jeu. Ces guerriers qui s’agenouillaient autour de leurs prophétesses, et qui reconnaissaient quelque chose de sacré dans la femme[16], faisaient trop souvent de leurs captives les jouets de leur luxure ou de leur cruauté[17], et leurs rois du moins pratiquaient la polygamie.

Mis en présence du christianisme, leur attitude fut incertaine, leur adhésion équivoque et tardive. S’il y eut de bonne heure des chrétiens parmi les Goths ; si, dès les premiers jours de la paix de l’église, des évêques germains parurent dans les conciles (à Arles, à Nicée, à Sardique) ; si, au sac de Rome, en 410, Alaric fit respecter les églises, les vases sacrés et les femmes chrétiennes ; si la barbarie tout entière, personnifiée dans ses deux plus formidables chefs, sembla s’arrêter devant saint Léon, qui put seul contenir Genséric et faire reculer Attila, il n’en est pas moins vrai que ces deux siècles d’invasion au sein du monde chrétien n’avaient pas suffi pour identifier les vainqueurs avec la religion des vaincus. Les Saxons, les Francs, les Gépides, les Alains, restaient idolâtres, et, chose plus cruelle mille fois, à mesure que ces peuples devenaient chrétiens, ils tombaient en proie à une misérable hérésie. La vérité ne leur servait que de pont pour passer d’un abîme à un autre. Un moment comprimé par Théodose dans l’empire, l’arianisme alla séduire et dominer les futurs vainqueurs de l’empire. Les Visigoths, les Ostrogoths, les Hérules, les Bourguignons, se firent ariens. Euric et les Suèves en Espagne, Genséric et les Vandales en Afrique, immolèrent des milliers de victimes à cette doctrine, qui fut l’idole de tous les tyrans, parce qu’elle caressait en même temps les révoltes de la raison contre la foi et les usurpations du pouvoir sur l’église.

Bientôt la contagion des mœurs romaines presse et infecte ces races jeunes et passionnées. Leur énergique vitalité tombe en proie aux caresses impures d’une civilisation décrépite. La conquête va devenir une orgie, et le monde risque d’avoir changé de maîtres sans changer de destinée. Qui donc disciplinera ces races indomptées ? Qui les façonnera au grand art de vivre et de gouverner ? Qui leur enseignera à fonder des royaumes et des sociétés ? Qui les assouplira sans les énerver ? Qui les préserver à de la contagion ? Qui les empêchera de se précipiter dans la corruption et de pourrir avant d’avoir mûri ?

Ce sera l’église, mais l’église par les moines. Du fond des déserts d’Orient et d’Afrique, Dieu fait sortir une nuée d’hommes noirs, plus intrépides et plus patiens, plus infatigables et plus durs à eux-mêmes que ne le furent jamais ni Romains ni Barbares. Ils se répandent sans bruit dans tout l’empire, et quand l’heure de sa ruine a sonné, ils sont debout en Occident comme en Orient. Les barbares arrivent, et à mesure qu’ils avancent, à côté d’eux, devant, derrière, partout où ils ont passé avec l’incendie et la mort, d’autres années viennent camper en silence ; d’autres colonies se forment, se groupent et se dévouent à réparer les misères de l’invasion et à recueillir les fruits de la victoire. Puis quand les exterminateurs auront tout envahi, tout ravagé, tout conquis, un grand homme paraîtra. Saint Benoît sera le législateur du travail, de la continence et de la pauvreté volontaire. Il comptera par milliers ses enfans, qui seront ses soldats. Il lui en viendra de parmi les Barbares : le chef même de ceux-ci se prosternera devant lui ; il le relèvera à titre de vassal et d’auxiliaire. Il écrira une règle qui pendant six siècles luira sur l’univers comme un phare de salut, et qui sera la loi, la force et la vie de ces légions pacifiques, destinées à inonder à leur tour l’Europe, mais pour la féconder, pour relever ses ruines, cultiver ses champs dévastés, peupler ses déserts et conquérir ses conquérans.

L’empire romain sans les Barbares, c’était un abîme de servitude et de corruption. Les Barbares sans les moines, c’était le chaos. Les Barbares et les moines réunis vont refaire un monde, qui s’appellera la chrétienté.


LE Cte DE MONTALEMBERT.

  1. Franz de Champagny, de la Charité chrétienne au quatrième siècle.
  2. La collection du père Labbe en compta soixante-deux antérieurs à la paix de l’église.
  3. Bossuet, cinquième avertissement aux protestans, c. 18.
  4. Fleury, Histoire ecclésiastique, t. XVI, c. 48. — Le comte de Maistre, Du Pape, liv. Ier, c. 15.
  5. Tels furent l’Hénotique de l’empereur Zénon en 432, condamné par le pape Félix III ; l’Ecthèse d’Héraclius, condamné par le pape Jean IV, et le Type de Constant, condamné par le pape saint Martin.
  6. Champagny, Op. cit., p. 358.
  7. Et manu divina : Proponatur, etc. Novell., tit. XX.
  8. Guizot, Histoire de la Civilisation en France, 2e leçon. Il ajoute : « La chrétienne ne s’est développée que plus tard, après l’invasion des Barbares ; elle appartient à l’histoire moderne. »
  9. « Bonos imperatores volo expetere, qualescmuque tolerare. » Histor. IV,
  10. Voici un trait qui rentre indirectement dans notre sujet et qui montre où l’on en était dans l’Égypte romaine et chrétienne au Ve siècle : c’est un brigand devenu moine qui le raconte au célèbre abbé Paphnuce. « Inveni aliquam formosam mulierem errantem in solitudine, fugatam ab apparitoribus et curialibus prœsidis et senatorum, propter publicum marii debitum… Sciscitatus sum ex ea causam fletùs. Illa dixit… cùm maritus tempore biennii ob débitum publicum trecentorum aureorum saepe fuerit flagellatus, et in carcere jnclusus et tres mihi carissimi filii venditi fuerint, ego recedo fugitiva etiam errans per solitudinem sœpe inventa et assidue flagellata, jam tres dies permansi jejuna… » Le brigand a pitié de cette victime des magistrats : il lui donne l’or qu’il avait volé, et la met elle et les siens à l’abri de tout outrage, citrà probrum et contumeliam. Ce trait de pitié lui valut la miséricorde de Dieu et sa conversion. Palladius, Historia Lausiaca, c. 63.
  11. « Curiales… jubemus moneri ne civitates fugiant aut deserant, rus habitundi causa ; fundum quem civitati praeculerint scientes fisco ne sociandum, eoque rare esse carituras, cujus causa impios se, vitanda patriam, demonstrarint. » L. curiales 2.- Cod. Theod., lib. 12, tit. 18. Si curiales.
  12. Discours sur l’Histoire universelle, première partie, XIe époq., troisième partie, chap. 7.
  13. Sidoine Apollinaire, Panég. d’Avitus.
  14. Ozanam, Cours inédit sur la Civilisation chrétienne. On nous permettra de citer et d’annoncer en même temps cette œuvre qu’une main pieuse donnera bientôt au public : ce sera le legs suprême du jeune écrivain qui fut à la fois un si parfait chrétien, un si éloquent et si sympathique orateur, et dont la mort prématurée est l’un des plus grands malheurs que la religion et les lettres aient eu à déplorer depuis longtemps.
  15. Miséricordia et humilitas etiam immanium barbarorum. De civit-Dei, I, 4, Cler., cap. 1 et 7.
  16. « Inesse quinetiam sanctum aliquid… » Tacite, De Mor. Germ.
  17. Voir entre autres exemples le supplice infligé aux trois cents filles franques données en otages aux Thuringiens.