L’Art de péter/Chapitre second

Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 21-24).

CHAPITRE SECOND.

Différence du Pet & du Rot, & démonſtration parfaite de la définition du Pet.


Nous diſons donc dans la définition que le Pet ſort par l’anus, en quoi il différe du Rot ou Rapport Eſpagnol, qui, quoique formé de la même matiére, mais dans l’eſtomac, s’échappe par en haut, à cauſe du voiſinage de l’iſſuë, de la dureté & replétion du ventre ou de quelques autres cauſes qui ne lui permettent pas de prendre les voyes inférieures.

Il différe encore des vents Coliquatifs & du murmure & gazouillement du ventre, qui ſont auſſi des vents du même genre, qui, grondant dans les inteſtins, tardent à ſe manifeſter & ſont comme le Prologue d’une Comédie, où les avant-coureurs d’une tempête prochaine. Les filles & les femmes qui ſe ſerrent étroitement pour ſe dégager la taille, y ſont particulièrement ſujettes. Leur inteſtin que les Médecins appellent Cacum eſt, ſelon Fernel, ſi flatueux & ſi diſtendu que les vents qui y ſont renfermés ne ſont pas un moindre combat dans la capacité du ventre, que n’en faiſoient autrefois ceux qui étoient retenus priſonniers dans les montagnes d’Eolie. On pourroit encore à leur faveur entreprendre un voyage de long cours, ou au moins en faire tourner les moulins à vent.

Pour la preuve complette de notre définition, il ne nous reſte plus qu’à parler de la cauſe finale du Pet, qui eſt tantôt la ſanté du Corps déſirée par la nature, & tantôt une certaine délectation ou plaiſir procuré par l’art ; mais nous remettons à en traiter avec les effets ; en attendant, il eſt à propos d’obſerver, & même bon de ſentir ici que nous rejettons toutes mauvaiſes fins ; parce que l’abus de quelque choſe ne peut avoir place au nombre des fins.