L’Art de péter/Avis au lecteur

Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 6-10).

AVIS
AU LECTEUR.



IL eſt honteux, Lecteur, que depuis le temps que vous petez, vous ne ſçachiez pas encore comment vous le faites, & comment vous devez le faire.

On s’imagine communément que les Pets ne différent que du petit au grand, & qu’au fond ils ſont tous de même eſpéce : Erreur groſſiére.

Cette matiére que je vous offre aujourd’hui analyſée avec toute l’exactitude poſſible avoit été extrêmement négligée juſqu’à préſent, non pas qu’on la jugeat indigne d’être maniée, mais parce qu’on ne l’eſtimoit pas ſuſceptible d’une certaine méthode & de nouvelles découvertes : On ſe trompoit.

Peter eſt un Art, et par conſéquent une choſe utile à la vie, comme diſent Lucien, Hermogéne, Quintilien, &c. Il eſt en effet plus eſſentiel qu’on ne penſe ordinairement de ſçavoir peter à propos.

Un Pet qui pour ſortir a fait un vain effort,
Dans les flancs déchirés reportant ſa furie,
Souvent cauſe la mort
D’un mortel conſtipé qui touche au ſombre bord,

Un Pet à temps laché pourroit ſauver la vie.

Enfin on peut peter avec régle & avec goût, comme je vous le ferai ſentir dans toute la ſuite de cet Ouvrage.

Je ne balance donc pas à faire part au Public de mes recherches & de mes découvertes, ſur un Art ſur lequel il ne trouvera rien de ſatisfaiſant dans les plus amples Dictionnaires ; & en effet, il n’y eſt pas même queſtion (choſe incroyable) de la Nomenclature de l’Art dont je préſente aujourd’hui les principes aux Curieux.